Sans enfant. Et alors ? đ¶
mardi 24 janvier 2023, 12:00
Ă une Ă©poque, oĂč mon orientation Ă©tait peut-ĂȘtre beaucoup plus visible quâaujourdâhui, on ne me demandait pas si jâavais des enfants. En ces temps reculĂ©s, lâadoption nâĂ©tait pas dâactualitĂ©, et comme personne ne mâimaginait copuler avec une reprĂ©sentante de la gent fĂ©minine, la question devait ĂȘtre inutile. Les plus curieux ou tĂ©mĂ©raires se risquaient Ă mâinterroger sur un manque Ă©ventuel quâaurait causĂ© ce dĂ©faut de paternitĂ©. Ma rĂ©ponse variait alors. Fonction de mon humeur, de mon envie ou pas de me raconter. La vĂ©ritĂ© ? MĂȘme si parfois, jâavoue, lâhorloge biologique mâa titillĂ©, je nâai jamais envisagĂ© sĂ©rieusement d'Ă©lever un enfant. Jâimagine quâune peur des responsabilitĂ©s, ainsi que des rĂ©ticences peut-ĂȘtre Ă©goĂŻstes Ă chambouler ma vie pour autrui, ont toujours Ă©tĂ© plus fortes que tout le reste.
Depuis deux ans, cela fait dĂ©jĂ trois fois qu'on vient Ă nouveau me chercher sur ce terrain. Il y a celleux qui prĂ©sument dâemblĂ©e que jâai des enfants et mâinterrogent sur leur nombre, leur Ăąge, etc⊠Cette prĂ©somption vient-elle du fait que je ferais davantage hĂ©tĂ©ro maintenant que je suis vieille, et quâĂ cet Ăąge tout hĂ©tĂ©ro doit avec des gosses ? Ou bien est-ce que lâhomoparentalitĂ© est devenue une chose si admise que nous nâĂ©chappons dĂ©sormais plus Ă cette norme quâest lâobligation de descendance ? đ€. Il y a celleux ensuite qui restent dĂ©sarçonnĂ©s quand je rĂ©ponds que non, ma branche nâa donnĂ© aucun bourgeon Ă lâarbre gĂ©nĂ©alogique de la famille et que câest trĂšs bien ainsi. Parfois, un regard de pitiĂ© accompagne leur Ă©tonnement. Comme sâil ne pouvait y avoir dâaccomplissement de sa vie sans progĂ©niture. Parfois de lâincomprĂ©hension, de nâavoir personne Ă qui transmettre un quelconque flambeau et lĂ©guer mes biens⊠Parfois lâinquiĂ©tude, comme si jâĂ©tais inconscient de nâavoir personne pour sâoccuper de moi Ă mes vieux jours⊠Et dans un pays raciste comme la France, il pourrait y avoir Ă©galement du dĂ©dain pour ne pas avoir donnĂ© de nouveaux français Ă la nation !
Alors, prenons les choses une Ă une :
- Si tu as besoin dâenfants pour sentir que ta vie est accomplie, câest peut-ĂȘtre que ta vie Ă©tait vide avant, que tu n'as pas su la remplir...
- Pour la nĂ©cessitĂ© dâun flambeau Ă transmettre, faut quand mĂȘme avoir une sacrĂ©e belle opinion de soi⊠Et pour ce qui est dâun hĂ©ritage, jâai bien lâintention de tout claquer.
- Pour les inquiets, câest vachement prĂ©somptueux de croire que vos enfants vous aimeront suffisamment pour prendre soin de vous jusquâau bout. Par ailleurs, je ne suis pas persuadĂ© quâun enfant-assurance-vieillesse soit la meilleure des motivationsâŠ
- Et sinon, la mĂšre patrie peut, quant Ă elle, bien respectueusement se faire cuire le cul. Câest quoi lâidĂ©e ? On est encore dans un trip « câĂ©tait mieux avant » conservateur ? On nous fait encore un retour aux valeurs « Travail, Famille, Patrie » dans le but de prĂ©venir des craintes dâun « Grand Remplacement » Ă la con ? Y a besoin de consommateurs et de contribuables pour payer vos retraites ? đ
S'il vous plait, arrĂȘtez de questionner autrui sur ce sujet ! ArrĂȘtez de projeter vos objectifs de vie personnels en valeurs universelles ! Vous avez absolument le droit dâavoir la descendance que vous voulez, tout comme celleux qui ont fait le choix de ne pas en avoir du tout. ArrĂȘtez avec vos questions intrusives aussi ! Vous ne savez pas si lâabsence de parentalitĂ© chez autrui est un choix ou est subie Ă contrecĆur. Votre curiositĂ© est-elle si importante Ă satisfaire que vous vous octroyiez le droit dâĂ©ventuellement remuer un couteau dans une plaie ?
ArrĂȘtez avec vos prĂ©somptions ! ArrĂȘtez avec vos questions ! Assez, Ă la fin ! Taisez-vous ! đ€«
Est-ce que je viens vous dire « Olala, tâas vu quel monde tu laisses Ă tes enfants ! » Ă chaque fois que vous me bassinez avec vos photos de famille et tutti quanti ? Est-ce que je viens vous faire culpabiliser avec la surpopulation et la crise Ă©cologique qui en dĂ©coule ? Nan ! Alors, foutez-moi la paix avec vos jugements culpabilisants. đĄ
Et petit message Ă certains parents LGBT : Pendant des annĂ©es, je me suis battu pour que vos familles soient reconnues et obtiennent ce que de droit. Ce n'est pas pour subir aujourd'hui vos remarques Ă la limite de la condescendance. Votre jolie famille homoparentale ne vaut pas davantage qu'un couple queer sans enfant, ou mĂȘme qu'une personne cĂ©libataire. Ni plus ni moins.
AprĂšs, quand je vois cette photo de Killian, le gamin dâune copine et que je vois le beau gaillard quâil est devenu aujourdâhui, je me dis que oui, je suis certainement passĂ© Ă cĂŽtĂ© de quelque chose de merveilleux.
Mais anyway ! Pas grave, câest comme ça⊠No regret ! đ€·ââïž
NDLR : Les commentaires sur les réseaux sociaux ont tendance à se perdre avec le temps dans les limbes des internets. Pire encore, selon le sujet, ils risquent d'attirer les trolls en tout genre.
Dans la mesure du possible, merci de privilĂ©gier l'expression de vos pensĂ©es ici sur ce blog, oĂč le texte est publiĂ© dans son intĂ©gralitĂ©, plutĂŽt que sur les rĂ©seaux sociaux. Et je me ferai un plaisir d'y rĂ©pondre !
Commentaires
Et puis tu as déjà ton pÚre à qui faire des galettes !
SacripâAnne : Mouarf ! VâlĂ le sale gosse en plus đ€Ł
J'ai 2 gamins que je n'ai pas souhaité à cette sombre époque d'absence de contraception, 17 ans j'avais quand n° 1 s'annonça ,19 pour n° 2. J'en ai bavé, leur pÚre épanoui dans sa paternité...
ne respirant que pour ses fils. Je ne suis pas grand-mĂšre, dans la vie associative et municipale j'annonçais la couleur et la ronde des questions tournoyait. OUI j'en ai souffert mais ce n'est pas mon histoire, n°1 eut des compagnes Ă©quipĂ©es d'enfants ne tenant pas particuliĂšrement Ă les faire lui mĂȘme ,n°2 a des neveux avec son Ă©poux et des plantes vertes !! l'un et les autres semblent bien dans leur peau. Je m'efforce d'ĂȘtre assez stable dans mon fauteuil pour le plus tardivement possible les transformer en bĂąton de vieillesse. Je me suis battue pour ne pas mettre au monde une petite fille, mon Ă©poux en a pĂąti mais il comprit , des dĂ©cades plus tard je ne regrette pas cette dĂ©cision. La vie des femmes n'est pas une sinĂ©cure ...celle des mecs non plus mais quand mĂȘme !!!
La mume > Je nâavais pas pensĂ© aux injonctions Ă ĂȘtre grand-parent. Tu fais bien de le prĂ©ciser. Faudra que je pose la question Ă mon pĂšre pour savoir si on les lui a dĂ©jĂ brisĂ©es avec ça.
Tu fais bien aussi de mentionner la bataille au sein du couple quand il y a désaccord sur le sujet⊠Pas simple, en effet.
J'suis peinard de ce cĂŽtĂ©-lĂ : ma sĆur a fait le job et donnĂ© 3 branches Ă l'arbre de la famille.
S'agissant de questions intrusives : comment ça va ? est-ce une interrogation intrusive ? đ
Laurent > Elle a fait le job et mis un terme aux injonctions familiales dirigées vers toi. Cela ne stope pas celles du reste de la société, non ?
Et pour ce qui est de « comment ça va ? », sachant quâĂ©tymologiquement il sâagit de la contraction de « comment ĂȘtes-vous allĂ© Ă la selle ce matin ? » employĂ©e par les docteurs d'antan, je dirai quâil sâagit plutĂŽt dâune interrogation extrusive ! đ€Ł
"Est-ce que je viens vous faire culpabiliser avec la surpopulation et la crise écologique qui en découle ?"
M'est avis que des fois, ça leur ferait pas de mal.
Merci pour ce billet dont je partage complĂštement le point de vue.
Pour ma part, je n'en ai jamais eu la tentation, ma conjointe non plus. Et comme on a tous les 2 sale caractÚre, celleux qui ont tenté de poser des questions à ce propos ne l'ont fait qu'une fois. Ahum.
Tomek > « ça leur ferait pas de mal » : câest clair ! đ
« Et comme on a tous les 2 sale caractĂšre, celleux qui ont tentĂ© de poser des questions Ă ce propos ne l'ont fait qu'une fois » : Je ne sais pas pour vous deux, mais ici, le fait que jâai de la rĂ©partie quelque part ne joue pas toujours en ma faveur. Jâai lâimpression que beaucoup de disent « Oh Yann, on peut tout dire avec lui. Dans le pire des cas il rĂ©pondraâŠÂ ». Alors que noooon ! Je veux que tout le monde sâabstienne comme si jâĂ©tais une petite chose fragile sans dĂ©fense ! đŒđ
Tu connais le sketch de Nora Hamzawi sur la vie sexuelle des couples ? Je cite : "On ne peut pas avoir une comptine dans la tĂȘte et une bite dans la bouche. Ăa ne marche pas."
ĂloĂŻz > Non, je ne connaissais pas. Mais MDR jâadore ! đ€Ł