Sans enfant. Et alors ? đŸ‘¶

À une Ă©poque, oĂč mon orientation Ă©tait peut-ĂȘtre beaucoup plus visible qu’aujourd’hui, on ne me demandait pas si j’avais des enfants. En ces temps reculĂ©s, l’adoption n’était pas d’actualitĂ©, et comme personne ne m’imaginait copuler avec une reprĂ©sentante de la gent fĂ©minine, la question devait ĂȘtre inutile. Les plus curieux ou tĂ©mĂ©raires se risquaient Ă  m’interroger sur un manque Ă©ventuel qu’aurait causĂ© ce dĂ©faut de paternitĂ©. Ma rĂ©ponse variait alors. Fonction de mon humeur, de mon envie ou pas de me raconter. La vĂ©ritĂ© ? MĂȘme si parfois, j’avoue, l’horloge biologique m’a titillĂ©, je n’ai jamais envisagĂ© sĂ©rieusement d'Ă©lever un enfant. J’imagine qu’une peur des responsabilitĂ©s, ainsi que des rĂ©ticences peut-ĂȘtre Ă©goĂŻstes Ă  chambouler ma vie pour autrui, ont toujours Ă©tĂ© plus fortes que tout le reste.

Depuis deux ans, cela fait dĂ©jĂ  trois fois qu'on vient Ă  nouveau me chercher sur ce terrain. Il y a celleux qui prĂ©sument d’emblĂ©e que j’ai des enfants et m’interrogent sur leur nombre, leur Ăąge, etc
 Cette prĂ©somption vient-elle du fait que je ferais davantage hĂ©tĂ©ro maintenant que je suis vieille, et qu’à cet Ăąge tout hĂ©tĂ©ro doit avec des gosses ? Ou bien est-ce que l’homoparentalitĂ© est devenue une chose si admise que nous n’échappons dĂ©sormais plus Ă  cette norme qu’est l’obligation de descendance ? đŸ€”. Il y a celleux ensuite qui restent dĂ©sarçonnĂ©s quand je rĂ©ponds que non, ma branche n’a donnĂ© aucun bourgeon Ă  l’arbre gĂ©nĂ©alogique de la famille et que c’est trĂšs bien ainsi. Parfois, un regard de pitiĂ© accompagne leur Ă©tonnement. Comme s’il ne pouvait y avoir d’accomplissement de sa vie sans progĂ©niture. Parfois de l’incomprĂ©hension, de n’avoir personne Ă  qui transmettre un quelconque flambeau et lĂ©guer mes biens
 Parfois l’inquiĂ©tude, comme si j’étais inconscient de n’avoir personne pour s’occuper de moi Ă  mes vieux jours
 Et dans un pays raciste comme la France, il pourrait y avoir Ă©galement du dĂ©dain pour ne pas avoir donnĂ© de nouveaux français Ă  la nation !

Alors, prenons les choses une Ă  une :

  • Si tu as besoin d’enfants pour sentir que ta vie est accomplie, c’est peut-ĂȘtre que ta vie Ă©tait vide avant, que tu n'as pas su la remplir...
  • Pour la nĂ©cessitĂ© d’un flambeau Ă  transmettre, faut quand mĂȘme avoir une sacrĂ©e belle opinion de soi
 Et pour ce qui est d’un hĂ©ritage, j’ai bien l’intention de tout claquer.
  • Pour les inquiets, c’est vachement prĂ©somptueux de croire que vos enfants vous aimeront suffisamment pour prendre soin de vous jusqu’au bout. Par ailleurs, je ne suis pas persuadĂ© qu’un enfant-assurance-vieillesse soit la meilleure des motivations

  • Et sinon, la mĂšre patrie peut, quant Ă  elle, bien respectueusement se faire cuire le cul. C’est quoi l’idĂ©e ? On est encore dans un trip « c’était mieux avant » conservateur ? On nous fait encore un retour aux valeurs « Travail, Famille, Patrie » dans le but de prĂ©venir des craintes d’un « Grand Remplacement » Ă  la con ? Y a besoin de consommateurs et de contribuables pour payer vos retraites ? 🙄

S'il vous plait, arrĂȘtez de questionner autrui sur ce sujet ! ArrĂȘtez de projeter vos objectifs de vie personnels en valeurs universelles ! Vous avez absolument le droit d’avoir la descendance que vous voulez, tout comme celleux qui ont fait le choix de ne pas en avoir du tout. ArrĂȘtez avec vos questions intrusives aussi ! Vous ne savez pas si l’absence de parentalitĂ© chez autrui est un choix ou est subie Ă  contrecƓur. Votre curiositĂ© est-elle si importante Ă  satisfaire que vous vous octroyiez le droit d’éventuellement remuer un couteau dans une plaie ?
ArrĂȘtez avec vos prĂ©somptions ! ArrĂȘtez avec vos questions ! Assez, Ă  la fin ! Taisez-vous ! đŸ€«

Est-ce que je viens vous dire « Olala, t’as vu quel monde tu laisses Ă  tes enfants ! » Ă  chaque fois que vous me bassinez avec vos photos de famille et tutti quanti ? Est-ce que je viens vous faire culpabiliser avec la surpopulation et la crise Ă©cologique qui en dĂ©coule ? Nan ! Alors, foutez-moi la paix avec vos jugements culpabilisants. 😡
Et petit message Ă  certains parents LGBT : Pendant des annĂ©es, je me suis battu pour que vos familles soient reconnues et obtiennent ce que de droit. Ce n'est pas pour subir aujourd'hui vos remarques Ă  la limite de la condescendance. Votre jolie famille homoparentale ne vaut pas davantage qu'un couple queer sans enfant, ou mĂȘme qu'une personne cĂ©libataire. Ni plus ni moins.

Killian en 2005 Ă  Paris Plage

AprĂšs, quand je vois cette photo de Killian, le gamin d’une copine et que je vois le beau gaillard qu’il est devenu aujourd’hui, je me dis que oui, je suis certainement passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de quelque chose de merveilleux.
Mais anyway ! Pas grave, c’est comme ça
 No regret ! đŸ€·â€â™‚ïž

Fil des commentaires de ce billet