Éducation de haute volée 🤷‍♂️

Depuis quelques années, Jièm et moi avons pris pour habitude en avion de choisir systématiquement nos places côte à côte de chaque côté d'un couloir. Cela nous donne à tous les deux une liberté de mouvement pour nous dégourdir les jambes ou aller nous désaltérer. Petite conséquence (qui n’a rien à voir avec ce récit) : nous sommes sans arrêt à nous pencher en travers de l’allée pour nous chuchoter des choses à l’oreille. Autre conséquence (qui, elle, a un rapport avec ce récit) : nous avons chacun un·e inconnu·e comme voisin de voyage plus ou moins supportable selon notre degré de chance.

J’arrive donc à la place 15H et je vois qu'à la loterie des compagnons de vol, j'ai hérité en 15G d'un gamin de 6, 7 ou 8 ans. Je ne saurais dire, n’étant pas coutumier de cette espèce d’animal. Foutu karma pourri ! Je pleure déjà toutes les larmes de mon corps à l’intérieur de moi-même.
Nous n’avons pas encore décollé que le père, sur le siège à côté du rejeton est déjà absorbé par Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 qu'il a lancé sur l’écran incrusté dans le fauteuil devant lui. Livré à lui-même, le môme finit par sortir le smartphone de la sacoche paternelle pour lancer je-ne-sais quel jeu. Un jeu BRUYANT. Un jeu bruyant SANS CASQUE écouteur dans les oreilles… Ça fait Bip bip Bop Ploooup Bruuuulllmmmm Piou Piou Piou… et puis aussi Toc Toc Pif Pfiouuuuuuu quand il perd une vie…
On décolle. Je sens la bouffaïsse me monter. Je sais que tôt ou tard je vais intervenir. J’imagine passer le niard par le hublot. Cette défenestration symbolique me calme un instant. Et puis mon cerveau se rend compte du subterfuge placebo et recommence à bouillir à nouveau… Au bout de vingt minutes, je me tourne vers le père et attends qu’il accroche mon regard pour désigner le smartphone-xylophone de la tête et lui lancer ma plus belle expression de désapprobation. Un truc un peu comme ça : 😕. En guise de réponse, j’ai le droit à un haussement d’épaules dédaigneux 🤷‍♂️ que je traduis par un « oh ça va, que voulez-vous que je fasse ! Il faut bien que jeunesse se passe. T’as pas d’enfant toi, ça se voit, tu peux pas comprendre ». Je fulmine intérieurement pendant qu’il se replonge dans son film et le gosse dans son jeu…

Captures de la série Smiley sur Netflix

Un quart d’heure plus tard, je sors mon iPad et mes AirPods de ma besace. J’ouvre l’appli Netflix, me rends sur la zone de téléchargement pour lancer la série Smiley, une télénovela LGBT ibérique dont on m’avait parlé en bien. Rapidement, mon écran affiche des garçons qui s’embrassent dans un lit et des filles qui se font des bisous entre elles. Visiblement cette série capte l’attention du mouflet qui abandonne son jeu pour zieuter la série. Au bout d’un moment, le père s’en rend compte et me foudroie du regard, moi, qui ose regarder des choses impures devant sa progéniture ! Vous vous doutez bien que je me suis contenté de hausser les épaules pour lui signifier « C’est comme ça ! Chacun sa vie… Que voulez-vous que j’y fasse ! 🤷‍♂️ ».
From fulminer to jubiler very quickly ! 😁

Au final, il a permuté de place avec son mioche. Et là, j’ai vu que je tombais de Charybde en Scylla. En effet, le père est atteint du Syndrome des Couilles de Cristal (comprendre : il ne peut être assis sans écarter démesurément les jambes). 😒 Arf, c’est bien ma veine, je sens sa jambe pousser contre la mienne, bien rangée dans sa zone attitrée… Je vous la fais courte, je lui ai démontré qu’à ce jeu, mon expérience est telle que je peux écarter les jambes bien plus que lui ! 😏
Chacun s’est alors replié dans son espace vital respectif et le vol a pu se poursuivre sans autre drama… Nomého !

 

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NDLR : Sinon, Smiley est une guimauve sirupeuse de 2022 tout à fait sympathique, qui change des séries LGBT à ados post-pubères. Ça fait du bien de voir des problématiques d’adulte ! Les 8 épisodes de 40 minutes m'ont tenu compagnie pendant ce vol de nuit entre les Caraïbes et la métropole. 👍

 

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