1972 : Dans les bras d'Irène

Lorsqu'elle apprend qu'on m'a appelé Yann, elle fait la grimace.
Elle pensait qu'enfin un de ses petits enfants allait être nommé comme son mari. Tradition quand tu nous tiens. J'ai pourtant échappé à Tulio.
Et puis elle s'y est fait.

Après son congé maternité, ma Maman retourne dans son laboratoire et Irène se propose pour assurer l'intérim. Elle qui avait élevé cinq enfants, la voilà qui retrouve une seconde jeunesse à déambuler fièrement dans les rues en poussant mon landau ou encore en m'exhibant dans ses bras aux voisins et autres commerçants du quartier.

Mémé Irène. Une Mama italienne. Une vraie.
J'ai les quatre fers en l'air sur la table à langer.
Une fois, elle s'aperçoit que le talc est resté à la salle de bain.
Une autre on sonne à la porte, ou bien c'est le téléphone.
Ou que sais-je encore.
Invariablement, elle pointe son doigt vers moi et m'ordonne d'une voix autoritaire pleine d'affection : "Attends! Attends, hein! Attends!"
Mais, où veux-tu que j'aille, Mémé Chérie.
Si cela s'éternise, elle repasse la tête par la porte "Attends! Attends, hein!"

De tous les petits enfants, je suis le seul qu'elle a élevé.
Alors on dit que je suis le chouchou de la Mama.

Une mère et son fils

Le soir, je joue avec ma Maman dans son lit.
Elle veut que je répète ce qu'elle dit.
"Maman... Ma-man... Maaaa-man".
Ma réponse l'a quelque peu surprise.
"At-tends"

Et que fait mon Papa ?
Heu... il prend des photos.

 

 

 

Billet dans la série : Ricochet des Blogueurs

 

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Fil des commentaires de ce billet