Songe infidèle / L'Autre

Cette nuit, j'ai rêvé de Stéphane.
Enfin, je crois qu'il s'appelait Stéphane.
On ne sait jamais comment s'appellent réellement les hommes mariés. Cela remonte à un peu plus de six ans. Je l'avais rencontré à l'Amnésia. Après quelques verres, je l'emmenais chez moi. Nous nous sommes rapidement trouvés sous les draps. Confession post-coïtale, j'apprenais qu'il n'était pas célibataire. Je notais ça dans un coin de ma tête. "Attention, ne pas tomber amoureux, ce garçon n'est pas libre".

Pourtant, quand il m'a rappelé la semaine suivante, j'ai accepté de le revoir. Il était plutôt bogosse, bien foutu et bien équipé. J'aurai eu tort de m'en priver.
Et puis une fois encore, et une autre.
Ainsi naît sans le vouloir une relation bancale.
Sans le vouloir? Pas vraiment. Dès l'instant où on choisit de ne pas résister, c'est que quelque part on le veut.
Alors on laisse faire.
En attendant une meilleure opportunité...
En espérant qu'il finisse par quitter son mec...
Et puis un jour, j'ai pris conscience que ça ne me suffisait plus, que je voulais plus.
Je n'ai plus répondu au téléphone et aux emails.

J'avais oublié que j'avais écrit un texte à propos de mes sentiments à cette époque.
Je l'ai retrouvé.
Le voici.

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L'Autre

Tu m'appelles quand il n'est pas là
Et je te laisse accourir à moi
Nos scénarios sensuels s'emmêlent
Orchestrés en un tempo fidèle
Peu m'importe à dire vrai
De ne t'avoir qu'au tiers
Puisqu'au moins je sais
Qu'avec moi tu es sincère

Je suis... l'autre
L'amant secret épisodique
Des mensonges idylliques
Je suis... l'autre
Dont il ne connaît l'existence
Et qu'il redoute en silence

Que l'on me dise s'il est malsain
De nourrir des amours clandestins
A distraire Julien de Roméo
Je ne serai qu'un valet sur le carreau
Peu m'importe à dire vrai
Que l'on m'emprisonne
Puisqu'au moins je sais
Etre un démon sans corne

Je suis... l'autre
L'amant secret épisodique
Des mensonges idylliques
Je suis... l'autre
Dont il ne connaît l'existence
Et qu'il redoute en silence

Je suis... l'autre
Sans en être fier
A en devenir un autre
Méfiant pour l'inconnu qui j'espère
Un jour m'appellera... l'unique...

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Matoo :
Et puis quand on sait que c'est impossible, c'est encore plus facile et indispensable de bien tomber amoureux, pour bien souffrir après... hummm c'est si bon.

Orpheus :
Le pire, c'est que c'est vrai !

igreee :
C'est excellent. Merci. J'étais la-dedans (en suis-je completement sorti) pendant 2 ans. C'est étonnant à quel point ce genre de relation nous fait dériver de nous même.

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