Farfadets fétichistes

Lorsque nous avons le dos tourné, des petits lutins rieurs quittent leurs cachettes et s'amusent à déplacer des objets à notre insu. C'est une légende qui le dit. Une quête improbable à rendre hystérique n'importe quel quidam équilibré s'ensuit alors. Lorsque nous avons épuisé chaque coin et recoin, nous ne croyons plus à la fable. La chose est irréfutable, il y a un malicieux coquin caché dont le dessein est de nous faire tourner en bourrique.

Hier matin, après le coup de fil à Jièm et dix minutes à tenter de concilier réveil, activité cérébrale et fonction motrice, je pose enfin un pied à terre. Direction le salon où je tire les rideaux et reste un moment à rêvasser à la fenêtre, alternant regards sur le ciel, l'immeuble d'en face et trottoir d'en bas où s'agitent déjà les premières abeilles ouvrières.

Encore embrumé, j'ouvre l'armoire de la chambre afin de choisir mon slip du jour. Un bleu, un blanc, un noir, un comme ci, un comme ça? Trop de choix nuît au choix. Quelle importance, personne n'ira voir. Certes. Mais moi, je sais, et j'aime bien choisir. Chacun son petit plaisir. Ce sera un gris.
Bizarrement, la sélection du jean et du tshirt est plus rapide.

Dernière chanson calme de la playlist du matin avant la sélection plus dynamique. Il est l'heure de gagner la salle de bain. Je bifurque à droite sur ma route pour un passage par le frigo. Un premier verre de jus de pamplemousse aidera le rasoir à ne pas me taillader la peau.
En fait, c'est vraiment sous la douche que je reprends le contrôle de la machine.
Passons les détails du savonnage, rinçage, brossage de dents et autres ravalements de façade... Je ressors de là, frais comme un gardon.

Nouveau détour par la cuisine où j'attrape le carton de pamplemousse resté sur le plan de travail. Un second verre, bien plein celui-là. Carton vide, pliage, et hop poubelle.
Un jus en guise de petit-déjeuner derrière mon ordinateur. Les emails. Relecture rapide de ce que j'ai écrit la veille. Hésitations. Clic. C'est en ligne.
Revue de presse blogosphérique rapide. Un petit commentaire ici. Je coche celui-là pour ce soir, je ris ici, je songe là...

Pink Martini dans les enceintes indique l'heure de m'habiller si je ne veux pas être en retard. Sur la couette, le jean et le tshirt. Mais où est passé le slip?!? Sous les draps? L'oreiller? Le lit? Pas l'ombre d'un sous-vet en vue. Inspection des alentours du bureau. Non plus.
Mode tête-chercheuse-balayeuse activé.
Je scrute vainement toutes les surfaces et angles potentiels de la chambre, puis du salon. L'aurais-je embarqué avec moi pour la salle de bain? Apparemment non. Il n'est pas non plus sur le plan de travail de la cuisine, dans l'évier ou la poubelle.
Je suis pourtant persuadé de l'avoir pris sur l'étagère. On ne sait jamais. Vérification. En effet, il est bien manquant. Rhaaaaaa! Second passage au peigne fin de l'appartement. En ajoutant les toilettes... Toujours rien.

"Are you ready to jump – get ready to jump..."
Et ben non, je suis pas ready du tout là.
Saloperie de Farfadets, ça vous amuse de piquer mon slip ?
De rage, j'ouvre l'armoire, attrape le premier venu, l'enfile, saute dans mes fringues, mon blouson, attrape mon sac et abandonne les lieux aux puissances chimériques.

[ellipse sur les détails hors-sujet de la journée – avec néanmoins en tache de fond la routine "mais où est-il passé ce satané slop"]

19:00 Retour au bercail. Batterie à plat.
Clé dans la serrure en me disant qu'un jus de fruit me remontera.
J'ouvre la porte du frigo pour attraper un nouveau carton de pamplemousse.

Il est là. Il me nargue.
Allez hop, puni. Au sale. Direct. Ça lui apprendra la vie.

Je n'en démords pas. C'est bien la faute aux Farfadets.
A trop me chuchoter la nuit de bien refermer la porte du réfrigérateur pendant que je me sers un verre et économiser de l'énergie pour sauver la planète, j'en oublie l'essentiel à l'intérieur.
De mauvaise foi? A non, ça, vraiment pas.

Un slip au frais

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

panama :
Tsss ! Ce sont les filles qui mettent leur petite culote au frigo ! pompom
Moi j'y oublie mes clés huh Les farfadets n'ont pas tous les mêmes blagues.

Le Citadin :
Brrrrrr
Justement, je ne sais plus dans quel film j'avais vu ça pour la première fois : mettre son slip au frigo ! En tout cas, le personnage de cette anecdote (ou "la", je ne me souviens pas) avait l'air très satisfait de cet "effet frisson"... huh
Moi qui suis des plus frileux, pour rien au monde je ne voudrais un farfadet farçeur comme celui qui sévit chez toi ! langue

Olivier Autissier :
J'ai cru, au début, que tu mettais ton slip avant de prendre ta douche eek

niklas :
le premier sourire de la journée : jolie histoire! rire

Lo :
j'adore cette histoire. tu devrais écrire un recueil de contines!

alain :
là j'émerge doucement plus de fièvre blues mais ton slip il est pas gris il est noir avec un bandeau rouge ,non seulement il te l'a caché mais il il en pris un autre, ah ces farfadets souriant

dom :
Gris ou noir ?
Oué parce qu'avec mes yeux à la con moi j'le vois marron mais bon, ce que j'en dis hein !

Kitt67 :
Mdrrrrrrrr, tu aurai du le garder pour un moment ou tu aurais du calmer tes ardeurs ange
Bonne année en fait amour

orpheus :
Panama > Le SLK t'en fait-il des reproches ?
LeCitadin > Certainement un Cadinot rire
Olivier > Ben ce serait pas top confortable pour passer le reste de la journée (tissus trempé sous un jean, moyen moyen...) pareil pour l'hygiène!
Niklas > J'espère seulement qu'il n'a pas été le seul.
Lo > Mouarf. Faudrait savoir écrire et charmer le lectorat.
Alain > Gris anthracite (et non chiné) aurais-je du préciser. Pi, il y a aussi la lampe du frigo qui nique les couleurs de l'apn. Pi, si tu me crois pas, je te l'envoie clin d`oeil
Dom > Bon, toi chouchou, je te pardonne, puisque t'es complètement niqué du dalton.
Kitt67 > Et pourquoi calmer des ardeurs ainsi? J'ai beaucoup mieux!

Patrick :
Ah ce don pour raconter des petites histoires! J'ai beaucoup aimé..

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