Macron 3D ✊
vendredi 6 septembre 2024, 14:10
Après des semaines de pseudo-consultations, des semaines à tester des noms en les faisant fuiter dans les médias, Perlimpinpin 1er a agi comme à son habitude : en faire qu’à sa tête en nommant Michel Barnier au poste de Premier ministre.
Est-ce que je suis déçu de le voir choisir un homme de droite ?
Non. On ne peut pas être déçu quand la chose est aussi prévisible. Honnêtement, la vraie surprise aurait été la nomination de Lucie Castet ou de n’importe quelle autre véritable personnalité de gauche. Non ?
En dépit du verdict des urnes, où les Français ont clairement signifié qu’ils voulaient une rupture avec le macronisme, qu’ils voulaient que le président se cantonne à la représentation du pays à l’international et à l’inauguration des chrysanthèmes, Macron s’accroche au pouvoir comme une bernique à son rocher et s’acharne à vouloir jouer un rôle en tirant les ficelles. Clairement il refuse la cohabitation qui lui était massivement demandée par les électeurs.
Ministre sous Chirac et Sarkozy, Barnier a été ressuscité du caveau familial de LR. On peut donc s’interroger sur sa légitimité à occuper le poste puisque son parti est arrivé seulement 4ème aux législatives.
S’il a été choisi, c’est uniquement parce que Macron souhaite continuer à se servir du poste de premier ministre comme un ventriloque de sa marionnette, et poursuivre son entreprise.
J’avoue être curieux de voir la composition du gouvernement (certainement une coalition bâtarde bien à droite à la sauce Macron. Reste à voir les proportions des collaborations…), et le cas échéant, grâce à quels députés/partis il échappera à la censure. 🍿
Le seul moyen qu’il ne soit pas censuré serait qu’il soit RN-compatible. Et il semblerait en effet que Macron ait préféré vendre son âme à la diablesse. Encore une fois, « Hitler plutôt que le Front Populaire ». 🤮
Ainsi, les quelques députés macronistes réélus difficilement grâce aux votes de la gauche vont maintenant s’acoquiner avec l’extrême-droite afin de survivre jusqu’en 2027. Tu la vois l’ironie du sort ? From Front Républicain contre l’extrême droite to Front Républicain contre la gauche very quickly. C’est digne d’un théâtre de grand boulevard ! 🤡
Personnellement, je n’ai aucune affinité pour Barnier. Comment est-il possible d’estimer un mec qui se prononce contre le RSA et les indemnités chômage, la retraite, les 35 heures, etc… et qui supprime ses propos de son blog lorsqu’il est sur le point d’être nommé à Matignon ? Ou qui n’hésite pas à singer l’expression « les gens d’en bas » dans son speech de prise de fonction à Matignon.
Par ailleurs, je suis incapable de lui pardonner son vote contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1981, alors je lui souhaite sincèrement de prendre 10 ans dans la gueule pour chaque mois qu’il passera à Matignon. 😈
Je suis également très curieux de voir les réactions et attitudes du NFP et de ses composantes… La coalition en tête des législatives reste donc à la tête de l’opposition. Phénomène inédit dans cette Ve République ! Le NFP se renforcera-t-il ? Implosera-t-il comme la Nupes ? Bien malin celui qui peut prédire avec certitude…
En janvier 2020, Macron avait déclaré :
« Mais allez en dictature ! Une dictature, c'est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c'est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c'est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. »
(Source)
Et bien voilà, nous y sommes donc. 🤷♂️
Quatre ans plus tard, ces propos légitiment la contestation contre lui. Les appels à manifester le 7 septembre sont juste une suite logique des événements depuis la décision de dissolution, et même peut-être depuis sa réélection de 2022.
Pouvait-il y avoir une autre issue ?
M’est avis que les messages sur les pancartes risquent fort de s’articuler autour de trois piliers : démission, destitution et décollation…
Démission ?
Le mec est déjà trop fier pour admettre un échec. Alors assumer un échec et mat, je n’y crois pas une seconde.
Destitution ?
J’avais évoqué un recours à l’article 68 dès son annonce de la dissolution en mode enfant gâté et vexé qui pique sa crise. Maintenant que LFI s’est emparé du truc, c’est mort, ça n’aboutira jamais. Surtout avec un président qui peut compter sur le soutien de l’extrême droite.
Décollation ?
Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire de France, mais soyons sérieux deux secondes, ce serait un acte de barbarie effroyable. Il faudrait passer par une révolution, nous sommes bien trop dociles/soumis pour cela. Surtout que le budget a déjà été alloué pour armer les forces de l’ordre et mater toute contestation dans l’œuf avant même qu’elle ne tourne en insurrection. La répression ne sera pas non plus une première dans l’histoire du pays (et de ce président).
À tout cela, je préfère la patience.
Et je me console en me disant que :
- Macron reste pleinement responsable de ses deux quinquennats (qui resteront probablement dans l’histoire comme les mandats les plus destructeurs de tous) et continuera de se discréditer inexorablement jusqu’en 2027. Et maintenant qu’il a tué le concept de barrage républicain, il pourra difficilement maintenir son parti sur le podium.
- Il faut être honnête et lucide, si la gauche est arrivée en tête du dernier scrutin, elle n’a néanmoins pas gagné la possibilité de gouverner sans 49.3 avec la configuration de cette assemblée où elle ne représente qu’un tiers des élus. Au pouvoir, elle n’aurait pu générer que de la déception. Elle a maintenant deux ans et demi (sauf coup de théâtre incluant au choix censure, dissolution, démission, ou destitution) pour renforcer son union, fédérer autour d’un programme social solide, faire un vrai boulot d’opposition, et se débarrasser de l’épouvantail Jonluk.
Est-ce la seule option possible pour en 2027 retrouver une gauche en réelle capacité de prendre le pouvoir et légiférer ?
🤞🙂✊
Je ne vois pas d’alternative pour éviter un RN victorieux aux prochaines présidentielles.
Allez, puisque la musique adoucit les mœurs, je vous propose en conclusion un petit morceau de death metal que nous avons entendu lors de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques.
NDLR : Les commentaires sur les réseaux sociaux ont tendance à se perdre avec le temps dans les limbes des internets. Pire encore, selon le sujet, ils risquent d'attirer les trolls en tout genre.
Dans la mesure du possible, merci de privilégier l'expression de vos pensées ici sur ce blog, où le texte est publié dans son intégralité, plutôt que sur les réseaux sociaux. Et je me ferai un plaisir d'y répondre !
Commentaires
Je suis tombé de ma chaise quand j'ai entendu son "les gens d'en bas" alors qu'il avait bien tout fait attention avant pour parler des gentils prolos aux bonnes idées. MOUAHAHAHAH.
Plutôt d'accord sur pas mal de choses mais, non, on n'est toujours pas en dictature, là.
Alors certes, état policier, répression XXL contre les militants écolos (et pro-palestiniens, et, et…), mais on n'en est pas encore au point d'avoir des opposants en prison, des partis d'opposition muselés ou interdits, par exemple.
Matoo > Oui, hein ! Ça fait tellement la voix de son maître quand Macron avait parlé de « ces gens qui ne sont rien » dans les gares le matin…
Tomek > Absolument. Mon « nous y sommes » était pour la définition de la dictature d’après la citation de Macron.
Sinon, pour ce qui est de l’opposition muselée, il n’y a qu’à voir comment les grands médias avec le doigt sur la couture coupent la parole et harcèlent les opposants politiques sur les plateaux d’interview pour se dire qu’on en n’est vraiment pas loin.
"et se débarrasser de l’épouvantail Jonluk." et là c'est pas gagné non plus, lui aussi, dans le genre bernique collée à son rocher, il se pose là !
Gilsoub > C’est clair. À la seule différence que d’un côté nous avons une bernique qui nuit indiscutablement à la vie d’une majorité de citoyens, là où l’autre bernique ne fait principalement que nous exaspérer.
CQFDire !
Franck >
"Absolument. Mon « nous y sommes » était pour la définition de la dictature d’après la citation de Macron."
Ah oui OK, je ne l'avais pas compris comme ça.
Immense soupir
Tomek > je reconnais ne pas toujours être très clair… mea culpa !
SacripAnne > Je soupire avec toi…