Un œil sur la pendule

 

Le monde se divise en deux classes d'individus. Il y a ceux qui lorsque vous leur demandez l'heure vous la donnent à la minute près. Et il y a ceux pour lesquels il faudra vous contenter d'une approximation à cinq minutes près.

L’œil sur la pendule

Comme ceux qui me connaissent un tant soit peu le suppute déjà, je fais inexorablement partie de la seconde catégorie. Je m'en cogne royalement de savoir que c'est vingt-et-une ou vingt-six. Ma vie ne se joue pas à cinq minutes près.
Pourtant, j'aime bien les montres en tant qu'objet. J'en ai une petite collection dans un tiroir que je garde d'une époque où je travaillais au compteur. En fait, c'est surtout le cadran horaire que j'apprécie, graphiquement parlant. Les chiffres, les aiguilles, les repères…
Mais l'heure exacte. Non. Je ne suis pas quelqu'un d'exact. Et j'ai arrêté de porter des montres au poignet.
Chez moi, il y a six pendules en tout. Un réveil sur la table de chevet. L'ordinateur. Le gros cadran "hall de gare"-like du séjour, la chaîne hifi, le magnétoscope, et le micro-onde (celui-ci n'étant même plus réglé depuis la dernière coupure d'électricité). Sinon, pour les autres, j'ai noté un écart de onze minutes entre la plus en avance (le magnétoscope) et la plus en retard (le réveil de la chambre, mais ce n'est pas bien grave parce que c'est la chaîne qui me sert de chant-du-coq).
Et vous savez quoi ? On vit très bien comme ça !
Sauf certains jours, où je suis contraint d'avoir un œil sur la pendule.

Jièm avait commencé la veille par me prévenir de l'appeler plutôt que d'habitude le lendemain matin puisqu'il sera en réunion à l'heure où je suis censé émerger. Et si je n'ai pas mon petit bisou téléphonique du matin, ça ne le fait pas. Mine de rien, ce petit décalage de dix minutes m'a demandé tout un conditionnement...

Arrivé au boulot en avance, j'apprends qu'un désaccord avec un partenaire fait que nous retirons sa publicité du catalogue de Noël. Pas de problème, si ce n'est que du coup, nous avons une page blanche et que c'est pile poil le jour où le fichier doit partir chez l'imprimeur. "Orpheus, tu vas bien nous faire quelque chose à temps non. Sur le nouveau M**B*** par exemple. Ce serait bien, hein...". J'ai donc deux heures trente pour assurer. Mais ça va. Je fonctionne en deux modes. Il y a celui "J'ai le temps, je peux chercher à innover, à prendre des risques, à être original" et celui "Il y a urgence, pas le temps de réfléchir, faut faire ce qui plait à coup sûr à N_ puisque c'est elle qui valide".
Et donc j'avance, tranquillement mais sûrement. Avec un petit regard de temps à autres sur l'horloge... juste pour vérifier que je suis bien dans les temps...

A midi, le mec de La Gouttière nous a offert un Vodka Violette. Je suis pas fan. Je l'ai bu quand même. Ça m'a un peu scié les pattes pour l'aprèm. Après une matinée intense, je baisse de régime. Encore quatre heures avant le week-end. J'ai prévenu N_ que je dois m'échapper plus tôt pour chopper l'avion. Encore deux heures... Et... Réunion surprise. Blabla blabla… N_ a-t-elle une horloge interne, toujours est-il qu'elle a terminé son exposé juste à temps. "Allez file et à Lundi"...

J'enregistre à Orly avec presque une heure d'avance. Chouette, je vais avoir le temps de rédiger ce billet. Sauf qu'avec les nouvelles procédures de sécurité, le passage du contrôle des bagages à main prend cinq fois plus de temps, et qu'il n'y a que deux comptoirs ouverts comme à l'accoutumée. Jamais vu une file d'attente aussi impressionnante sur des vols intérieurs. Pour un peu on se croirait passer à l'immigration US. Encore une fois, on se donne des mesures, mais pas les moyens de les appliquer. No comment...
J'arrive juste à temps pour embarquer. Pas grave, je m'occuperai de mon blog en vol.
Comme souvent, je commence par construire le texte dans ma tête tout en réalisant le visuel qui l'accompagnera. Toshop en altitude, c'est une première, je fais un vœu. Puis, je passe au texte. Une grosse heure de vol et déjà l'hôtesse annonce notre approche de NoFun'sLand. Pas eu le temps de finir... Pas grave, je terminerai demain...

Jièm était là à l'heure à m'attendre. Jièm fait parti de la première catégorie d'individus. Les montres et pendules de Jièm sont toujours réglées à l'heure officielle.
On rentre, on mange, on discute... Hein, déjà plus de minuit !

Time goes by... so quickly !

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

dom :
Ha bon !
Hé ben j'étais du genre Jiem avant, à la seconde près le temps ne m'échappait pas, maintenant, j'ai plus assez de temps à consacrer au temps, j'ai trop d'occupation avec Smab, na !

garfieldd répond au courrier des lecteurs :
je suis un hybride. Je suis toujours à l'heure (je regarde ma montre) mais j'ai une certaine indulgence pour ceux qui n'ont pas la même passion que moi pour l'exactitude...

Olivier Autissier :
Bonjour. C'est terrible, chaque fois que je regarde l'heure, il est toujours un peu plus tard que la fois d'avant :)

panama :
Bah moi je suis toujours à la bourre et je finis par arriver toujours à l'heure pil-poil.
Du coup je suis très hargneux si l'autre est en retard, non mais !

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