Yann Orpheus Blog

J'ai d'abord repensé aux balbutiements de ce mémoire et à la lutte que j'avais du engager pour trouvé un directeur de recherche.
Certains avaient refusé. "Non, non, pas assez académique. Vous ne préférez pas écrire sur Byron ou sur la représentation du milieu rural dans le roman du 19ème ?". Et bien non, justement. Je ne savais pas ce que je voulais faire de mon diplôme d'anglais, mais je savais ce que je ne voulais pas faire. Trois directeurs m'avaient plus ou moins fait comprendre qu'ils étaient déjà très pris (ce qui ne les empêchait de me proposer un autre sujet pour deux d'entre eux).
Je suis allé trouver Mme F. B.-D. et après lui avoir exposé le sujet et les grands axes de recherche, elle a souri :
"- Ton speech est bien rodé. J'imagine que je ne suis pas la première à l'entendre et que tu as essuyé des refus... Pourtant tu insistes... Puis-je savoir pourquoi ?
- Je ne veux pas faire une maîtrise à tout prix. Pour être honnête, c'est même ce sujet qui me pousse à faire une année supplémentaire (...) Et puis Byron et Shakespeare... Helloooo, on n'a pas déjà tout dit sur eux ? (...) Donc tant pis si ce n'est pas assez sérieux pour des directeurs coincés dans le conservatisme (impétueuse et arrogante jeunesse!) et tant pis pour moi!
- Tu es conscient tout de même que cette année, nous avons décidé de vous préparer aux conditions de la thèse et que tu devras soutenir ton travail devant ces mêmes directeurs.
- Avec un peu de chance, ils auront des regrets ! (présomptueux certes, mais appuyé d'un clin d'œil)
(...)
- A mon tour d'être franche. Je ne connais rien aux vampires. Alors ne compte pas sur moi pour des conseils de lectures et autres pistes. Au mieux, je pourrais te dire si tu te plantes et te recadrer... Si tu es partant, je te propose qu'on fasse régulièrement un point à chaque étape.
- Ça me va !"

J'ai ensuite repensé à cette année de recherche, aux journées passées à la Bibliothèque Nationale (du côté de la rue Vivienne à cette époque) à prendre des notes dans la somptueuse salle Richelieu et ses longs bureaux de bois et leurs lampes aux abat-jours verts... Un ordinateur portable m'aurait bien simplifié la vie. Et puis aux entretiens avec F. dans son bureau de la fac, au café du Temps des Cerises, ou chez elle. La voir découvrir et s'amuser me motivait davantage.
J'ai repensé à ma vie de l'époque dans un studio en bas de la Rue Pigalle. La fac et les recherches le matin. Un boulot à temps partiel dans un grand magasin l'après-midi. Et les sorties nocturnes malgré tout...
Et puis la petite soutenance finale. Le palpitant dans les oreilles. Les questions perfides de l'un, le désintérêt d'un autre... Et les bonnes ondes de F. B.-D.

Ce n'est que la deuxième fois que je relis ce mémoire depuis.
Certaines tournures m'ont fait monter la honte aux joues. J'ai toujours écrit comme je parle. Quelques fautes d'anglais également. Après tout, j'en fais aussi en français !
Finalement, je me dis que le jury a été indulgent et généreux.
J'en suis néanmoins content, non pas pour sa qualité exceptionnelle, mais parce que j'avais réussi à imposer un choix, et mener le tout à son terme.

Ce blog étant en panne d'inspiration, il se pourrait que je m'amuse à traduire ce mémoire. Il serait publié petit bout par petit bout... Tel quel. Avec toutes les imperfections que je lui trouve...
A moins que la fainéantise ne vienne accompagner la panne...