Les vacances sont terminées et je suis de retour dans mon 18ème arrondissement parisien.
Grand ciel bleu pour ce sursis de 48 heures et l’intention d’en profiter autant que possible.
C'était une belle journée pour aller voir les morts. Je pensais que le cimetière de Montmartre serait magnifique au mois d'août avec ce petit rayon de soleil. Et pourtant... Les vacanciers ont laissé leurs ancêtres sans prendre la peine de les fleurir, de peur peut-être que la chaleur ne ravage les pétales. En fait c'est pire qu'en hiver. Avec la grisaille et la neige, il y a une certaine adéquation avec l'ambiance. Mais là, le décalage est saisissant...
L'Est du cimetière de Montmartre est traversé par le pont de la rue Caulaincourt. Au milieu des bruits de la circulation et des klaxons, les éternels occupants des lopins en dessous ignorent l'expression "Reposer en Paix". Un peu plus loin, toujours en bordure du cimetière, un panneau de circulation dépasse des murs. On peut lire dessus "Parking Public 24h/24" (voir photo sur ce billet). Je me demande si le vieux Colonel s'absente de temps à autre pour s'acquitter de sa taxe horaire.
Je déambule dans les longues allées, les divisions puisque c'est comme ça qu'on les appelle, et les petits chemins de terre. J'essaye d'éviter soigneusement les tombes des personnalités où se rassemblent les touristes. Avec leurs petits plans, ils me donnent l'impression de jouer à la chasse au trésor. Je leur laisse donc les Degas, Berlioz, Stendhal, Offenbach et autres Guitry et Dalida pour me consacrer aux communs des mortels... et pour cause !
Un vieux proverbe japonais dit que "l'homme bâtit sa maison a l'image de son ambition". Assurément les consignes laissées par certains pour la construction de leur dernière demeure ne devaient manquer ni d'ambition, ni de haute estime de leur petite personne. Certaines sépultures s'apparentent davantage à des petits châteaux et chapelles qu'à des tombes ou caveaux. Et que je te colle en plus des statues gigantesques. Ceci ne concerne pas seulement les anciens notables, un garde champêtre présente fièrement ces décorations en bronze incrustées dans la pierre au-dessus d'une photographie couleur de lui en uniforme bien drolatique...
Il y a un manque d'humilité dans la volonté de laisser quelque chose de grand pour montrer qu'on était important. Je me demande quelle satisfaction le défunt peut en tirer.