Escalator de Pavlov

Je suis toujours intrigué, amusé et effrayé de voir ma raison perdre le contrôle sur mes membres. Je ne pense pas ici à une quelconque raideur pénienne à la vue du corps d'un bel homme mais à l'inconscient qui prend le dessus sur l'activité motrice et envoie un message aux membres.
Je vais essayer d'être un peu plus clair.

Vous avez tous remarqué qu'en posant le pied sur un escalier mécanique, en une fraction de seconde, notre cerveau envoyait de lui-même une information à nos membres afin de rétablir l'équilibre. Ainsi un léger mouvement du bassin et de nos jambes permet de ne pas se vautrer lamentablement comme un marmot et d'être la risée de tous.
Nous sommes donc inconsciemment conditionnés pour qu'à la vue d'un Escalator en mouvement tout un système de petits gestes pallie une éventuelle chute. Il en est de même pour les tapis roulants.
Le corps humain est vraiment une belle machine !

Trio d'escalator dans le métro

Là où ça se corse et qui motive mon interrogation, mon amusement et mon effroi (et donc ce billet!) est le cas de l'escalier mécanique en panne... donc à l'arrêt!
Je pose un pied dessus, et là, alors que rien ne risque de perturber mon équilibre, je sens mon corps réagir. Premier temps, il tente de corriger naturellement un mouvement de l'Escalator par la succession habituelle des gestes de premiers secours. Et second temps, il prend acte de la stabilité de l'appareil, et rectifie le déséquilibre qu'il a lui-même causé par une autre série de mouvements infimes. Belote et rebelote.

On pourrait penser que le cerveau n'a pas 'vu' que l'escalier était à l'arrêt et que spontanément il a envoyé l'ordre de danger de déséquilibre. Afin de vérifier cette théorie, en me dirigeant vers un escalier en panne, je rentre en discussion avec ma boîte crânienne:
"- Orpheus au Centre des Opérations, me recevez-vous?
- Ouais, ici le Centre des Opérations. Salut la blonde! Je t'écoute, qu'est-ce qu'il t'arrive encore?"
Oui je sais, j'ai quelques problème d'autorité à régler avec mon système cérébral.
"- Désolé de vous déranger, juste je vous signale que l'escalier mécanique que je vais emprunter dans quelques secondes est en panne. Ce n'est donc pas la peine de lancer la routine Restore Equilibrium, je peux m'en sortir tout seul!
- T'es sûre, ma grande? Bon okay, message reçu. Démerde-toi toute seule!"
Mmmm, m'agace celui-là!
Là, en toute conscience de cause, persuadé d'avoir fait le nécessaire afin de prévenir toute action cérébrale sur mes membres, je pose un pied conquérant sur la première marche.
Immanquablement, premier déhanchement suivi d'un second de correction. Bordel de putain de sa race!
" - Mouarf ! Ha ha ha... t'es trop nulle ma fille!
- Oh toi, là-haut, ça va... Fin de transmission "

A chaque panne d'escalier mécanique, j'ai beau tenter d'essayer systématiquement de stopper cette série de mouvements inutiles, rien à faire. A la vue d'un Escalator, mon corps est programmé pour réagir et effectuer une chaîne de mouvements. C'est navrant!
A tel point, que parfois, lassé d'être ridiculisé par l'autre abruti dans ma caboche, je préfère prendre l'escalier classique juste à côté. Au moins, là il n'y a aucun conflit à redouter...

Suis-je le seul à réagir ainsi, à perdre le contrôle de mon corps, à être conditionné à réagir contre ma volonté?
Suis-je une chienne de Pavlov qui bave à la vue d'un escalier mécanique?
J'espère que non.
Sans quoi, mon cerveau aurait bien raison de me parler comme si j'étais Vanessa Demouy!

Fin de transmission

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

caddaric :
Je te rassure, tu n'es pas le seul. Je ne compte plus le nombre de fois où celà m'est arrivé dans le métro lillois (les escalators sont en panne au moins tout les deux jours). Et encore, je ne parle pas du nombre de fois où je me suis vautré lamentablement... :-
En tout cas, il est vrai que le cerveau réagit bizzarement. Il a beau savoir que l'escalator ne fonctionne pas, il n'en fait qu'à sa tête (si on peut dire...)
Je pense qu'il serait bon de faire un sondage à ce sujet. Est-ce propre aux bloggeurs, aux homos, aux pédébloggeurs ? rire

Pascal :
Tout pareil (y compris les discussions surréalistes et inefficaces avec mon surmoi).
Mais il y a pire : l'escalator qui parait en panne, mais qui se met en marche dès qu'on pose le pied dessus...

TarValanion :
Je prends rarement les escalators, surtout ceux qui semblent en panne. Ca me semble idiot de mettre le pied sur un escalator en panne, quelque part... Chacun son truc, hein?

Mel'O'Dye :
hmpfff j'aime beaucoup cet article, même si je dois dire que je n'ai jamais testé le coup du "rétablissement d'équilibre inutile" vu qu'en général (sauf pas d'autre moyen) les escalators en panne sont une vraie torture pour mes p'tites jambes (ben vi tout le monde fait pas 1m60 ;-p )

Ozz :
Hurlements de rire.
Je me joins à la meute des chiennes (de Pavlov).
Et si tu essayais de monter les escalators à 4 pattes en bonne chienne qui se respecte ?

caddaric :
Mel'O'Dye > Moi je fait 1m68, et sincérement, c'est pas facile non plus clin d`oeil

Orpheus :
Caddaric > Ce phénomène n'est donc pas propre à Paris puisqu'à Lille le combat est le même!
Je me suis également gauffré dans un escalator mais pas à cause de mon cerveau (quoi que!). Je me suis pris la jambe dans une lanière d'un de mes baggies. Lamentable!
Pascal > Et toi aussi, il te répond comme si tu étais Britney Spears?
Ah oui! Tu fais bien de mentionner les escalators qui se déclenchent quand tu passes devant des capteurs. C'est les pires ceux-là! Impossible de savoir comment les signaler à la tour de contrôle.
Tarval > Je sais, tu préfères la téléportation clin d`oeil
Et puis monter les escaliers, ça fait de jolies fesses!
Mel'O'Dye > Rhooo, tu exagères! Tu ne m'as pas semblé si petite que ça.
Ozz > Je te rappelle que le but du jeu est non seulement de ne pas se ramasser la gueule mais également de ne pas être ridicule. La montée (et pire encore, la descente) à quatre pattes risque de ne pas remplir cette dernière condition. souriant

Matoo :
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah Orpheus, j'adooooore !! J'ai pensé la même chose hier soir quand l'escalator était en rade à Goncourt !!! Rolololo ! Désolé mais j'ai lu ton billet comme un énorme "déjà-vu". En effet, quand j'ai posé mon pied sur l'escalator inerte, je me suis fait cette même remarque, et surtout j'ai eu la sensation d'avoir du mal à conserver mon équilibre là-dedans. Je suis aussi une grosse chienne de Pavlov de sa mère. souriant) Ouaf !

Mel'O'Dye :
ben heuuu ... pour être franche ... je culmine à 1m58 ... pas plus hein ;-D (mais quand je suis assise ça se voit pas des masses en fait >_< )

Orpheus :
Matoo > Arf! Comme quoi oeil pour oeil, puisqu'il y a quelque temps, tu m'avais également "grillé la priorité" avec ce succulent billet "La tête dans la lune" (une autre histoire d'escalator d'ailleurs)
Mel'O'Dye > Tu dois m'impressionner alors car je te voyais beaucoup plus grande! Je devais confondre avec la taille de ton talent clin d`oeil

Mel'O'Dye :
Rhooooooo t'es chou toi .... là t'as gagné chuis toute rouge ¤_¤
;-*

Kliban :
Moi ça me fait ça dans le métro-qui-va-démarrer-mais-qui-stagne-à-quai. Là aussi, on compense,en se pencahent dans la bonne direction. Et là aussi on peut se vautrer. Voui !

Juju :
Excellente note, et grosse sensation de déjà vu de mon côté aussi. Ouf, je suis pas la seule blonde. Ca rassure ;)

legolas :
Oui, que de souvenirs tout ça ! Pas forcément mauvais d'ailleurs car j'en ai bien ri parfois. Avez-vous déjà été bloqués derrière une personne avec un caddie en haut d'un escalator ? Le caddie se bloque et tout le monde se vautre derrière... La fois où ça m'est arrivé mon cerveau n'a pas été plus efficace que face à l'escalator en panne, et à en juger par la panique derrière moi, celui des autres non plus mdr

Orpheus :
kliban > Non, j'arrive encore à gérer cela. Il y a de l'espoir donc!
Juju > Et une de plus! Welcome on board! (et merci)
legolas > Oh oui, il m'arrive régulièrement des trucs similaires... J'en avais parlé ici d'ailleurs.

Panama :
réminiscences cinématographiques
Ca me rappelle un film des années 80 qui s'appelait "Parking" . Ah oui, je crois que ça parlait du mythe d'Orphée (vrai) revisité façon comédie musicale mâtinée de "Subway" (autre film culculte...).
Ben oui, on allait en enfer en prenant des escalators ! Il n'y a que moi qui m'en souvienne ?????

Orpheus :
Panama > Exact, c'est un film de Jacques Demy qui revisite le mythe d'Orphée. Et dans Angel Heart, c'est un ascenseur qui mène Mickey Rourke en enfer.

Marie :
pas vu les marches en mouvement
je monte entre les rampes, c'est plus drôle !

Manuel :
Il n’y a pas que les escalators qui conditionnent notre système nerveux. Toutes les situations sociales répétitives créent dans notre cerveau des modes de réponses, souvent complexes, qui s’automatisent plus ou moins vite et finissent par échapper plus ou moins à notre conscience. C’est sans doute l’une des raisons qui font que les gens ont tellement de mal à changer leur comportement et même à changer d’avis sur certaines questions. Beacoup de troubles dits psychologiques sont aujourd’hui en partie expliqués par ces mécanismes qui régulent nos apprentissages sociaux. A bien des égards nous ne sommes pas aussi differents des chiens de Pavlov !

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