Lettre à la paroisse

Courrier pour le Denier du Culte

La semaine dernière, j'ai reçu au courrier une enveloppe provenant de la paroisse de mon quartier m'incitant à y aller de mon obole. On appelle ça le denier du culte.
D'un naturel curieux, j'ai lu la lettre et la plaquette si charitablement envoyées.
Je n'ai pu m'empêcher de me fendre d'une réponse, envoyée au courrier d'aujourd'hui que je vous livre ici-même en copie.

"Yann [XXXXXXXX]
[adresse]
[adresse]

Paris, le 25 octobre 2005

A l'attention du Père Louis-Marc Thomy,
curé de Saint-Denys de la Chapelle


Mon Père,

Acceptez que je m'adresse à vous ainsi, même si je ne me définis pas comme un catholique. Voyez-y une marque de respect quant à vos fonctions. J'ai beau croire en l'existence d'un Principe Créateur, je ne me reconnais dans aucune des religions, et crois que l'homme n'a pas connaissance de ce Principe. Agnostique, oui, très certainement. J'essaye de me comporter aussi bien que possible en attendant un éventuel jour où nous saurons.

Ce courrier fait suite à l'envoi de votre publicité "Le denier de l'Eglise" reçue la semaine dernière. Après l'avoir parcouru, je tiens à vous faire part de quelques remarques.

Tout d'abord, j'ai été surpris de voir en gras la phrase suivante : "L'Eglise ne reçoit aucune subvention de l'Etat". Cela vous semble-t-il anormal? Pourtant c'est tout à fait en accord avec la loi. Depuis Aristide Briand en 1905, vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a eu sur le territoire français séparation des églises et de l'état (Alsace et Moselle mises à part puisqu'elles n'étaient pas françaises au moment où cette loi a été promulguée. Le Trésor Public continue d'ailleurs à financer l'Eglise Catholique dans ces régions.).
Dans ces deux premiers articles, ce texte dit que "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. [...] La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte".
Un texte fondateur de la nation qui a permis de mettre fin à une guerre de 25 ans entre les catholiques royalistes et les républicains laïques. J'y vois également aujourd'hui une démarche égalitaire vis à vis des autres religions présentes sur le territoire.
Par ailleurs, puisque la contribution au Denier de l'Eglise permet une réduction sur l'impôt sur le revenu, il est faux de dire que l'Etat n'y participe pas. Il y participe indirectement, comme tout citoyen français peu importe sa confession.

"Seul votre soutien nous permet de partager, avec tous, cette espérance dont notre monde a tellement besoin" est l'autre phrase que vous avez mise en gras. Entièrement à l'exception de deux mots : avec tous. En effet, là est bien le problème. Il ne s'agit pas de tous. Il existe quelques exceptions.
Voyez-vous, en plus de ne pas être catholique, il se trouve que je suis homosexuel. Je cumule les tares, penserez-vous peut-être. J'ai grandi avec un Pape qui tenait un discours fort peu charitable envers moi-même et mes semblables. Et lorsque j'entends aujourd'hui Benoît XVI décrire l'homosexualité comme "l'expression du vice et de la luxure" et qu'elle est un "attentat contre l'intégrité physique et morale" de l'homme, vous comprendrez que je me sente exclu de ce "tous" avec lequel vous voulez partager et que je ne sois pas enclin à subventionner une organisation dont le(s) chef(s) me condamne(nt) de la sorte.

Alors oui, il m'arrive néanmoins de mettre les pieds dans une église, lors de baptêmes, mariages, enterrements ou tout simplement pour en admirer la beauté de l'architecture. A ces occasions, naturellement je glisse quelques pièces ou billets dans le tronc. J'aime à croire que cela sert à la conservation du lieu et à la présence d'un prêtre. Mais il ne faut pas m'en demander plus.

Vous comprendrez donc aisément que je ne sois pas disposé à participer davantage au denier du culte.
En attendant que votre Eglise et son représentant principal, le Pape Benoît XVI m'acceptent tel que je suis, sans me juger, sans me jeter la pierre, et m'octroient les mêmes considérations, compassions et droits qu'à ses autres fidèles, je vous prierai donc de bien vouloir rayer mon adresse de vos listes de diffusion postale.

J'espère sincèrement que la générosité de vos fidèles vous permettra de remplir vos différentes missions. J'espère aussi que cette lettre vous incitera à enseigner aux enfants dont vous parlez, la tolérance et le respect qui semblent faire défaut au souverain pontife.

Bien respectueusement,

Yann [XXXXXXXX]"


[EDIT : La réponse de la Paroisse à cette lettre a fait l'objet d'un autre billet publié ici.]

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Lo :
j'aime beaucoup ta lettre, factuelle, précise et sans polémique, et qui exprime la pensée de beaucoup d'entre nous. J'aurais certainement fait moins bien si j'avais voulu couché sur le papier mes sentiments sur le sujet.

Sekhmet :
Faut pas oublier que les curés ne sont pas forcément tous d'accord avec ce que dit le pape (de même que nous ne sommes pas forcément d'accord avec ce que disent nos représentants, non ,non, je ne citerai pas de nom).

caddaric :
Chapeau bas souriant Et dire que je grince des dents chaque fois que je reçois le journal de la paroisse...

Stefirst :
Je n'aurai qu'un mot : Bravo. Tout est dit, sans violence ni rancoeur, tout en sobriété. Tu es un maître.

Ozz :
Mais, t'es fou. Il va s'étrangler le père Louis-Marc.
Sinon, plutôt d'accord avec Sekhmet. Ne pas juger l'église sur une brebis galeuse.

Pascal :
Oui enfin, ne pas juger l'église sur une brebis galeuse, faudrait voir à ne pas oublier que la brebis en question est grand gourou en chef, et qu'elle est admirée - vénérée - idolâtrée par probablement quelques centaines de millions de personnes dans le monde.
Sinon, effectivement, très jolie lettre. Je suis impatient de lire la réaction du prêtre, j'espère qu'il prendra le temps de te répondre...

KITT67 :
Joli billet
Sinon, petite précision, l'Etat participe au financement de la religion catholique directement aussi par le financement de la rénovation des batiments comme les églises et les presbithères.
Sinon, petite satisfaction personnelle, je connais ton prenom now :p

panama :
Tu as bien fait d'écrire cette lettre, mais il aurait fallu l'envoyer à Dieu (Benoit XVI) plutôt qu'à un de ses saints (le pauvre curé de ta paroisse), non ?
Mais si tous les chemins mènent à Rome, pourquoi ne pas accepter de faire un petit tour par l'enfer, histoire de s'amuser un peu ?
Et puis je ne crois pas que ce soit le curé de ta paroisse qui gère son e-mailing, mais plutôt une boite de comm' de Paris.
Et puis pourquoi moi je ne reçois que des proposition de crédit révolving ? Mon âme aussi a le droit d'être sauvée !

anonyme :
Quand on laisse la parole aux anticléricaux, on arrive à ces abérations.
N'oubliez pas que le catholicisme est la première religion de ce pays, que nous étions là avant les autres religions minauritaire. L'etat doit donc donner des subventions à notre église.
Pour finir, quand vous insultez notre Pape, vous insultez Dieu en personne.
Mais je suis d'accord quand vous dites que les homos sont mal vu par le Pape. Ils le lui rendent bien.

Orpheus :
Tout d'abord, un grand merci pour vos compliments. Le sucre, ça n'est jamais amer.
Sekhmet > En effet, il y a des curés large d'esprit. Même chez les "gradés"! Monseigneur Gaillot est d'ailleurs plutôt favorable au mariage gay. C'est pour cela que ne connaissant pas les opinions du Père Thomy, j'ai adopté un ton respectueux. Tu peux croire que je ne m'adresserai pas de la même façon à BXVI.
Mon refus est motivé par la pensée du dirigeant et certains de ces nombreux bras droits. Je n'ai pas non plus envie de servir la soupe à une vieille bigotte qui me conduirait (comme on a déjà pu l'entendre)au bûcher.
Ozz > Danger! BXVI n'est pas une brebis galeuse! Il est plutôt le chien du berger qui est censé guider les brebis.
Pascal > Je ne pense pas avoir de réponse. Mais tu peux compter sur moi. Quelle qu'elle soit, elle sera publiée sur ce blog
Kitt67 > Dans le cadre de la protection du patrimoine culturel (l'architecture fait partie de la culture), je trouve cela plutôt normal.
Oui, Yann cémoi... Ce n'était pas un secret...
Panama > J'ai répondu à celui qui s'est adressé à moi. Petite précision, ce n'était pas un e-mailing mais un courrier postal. Je n'ai pas répondu en utilisant l'enveloppe prévue à cet effet, mais par une enveloppe classique libellée à son nom et adresse. Je doute qu'il y ait une agence de comm à la paroisse du XVIIIème.
Anonyme > Je m'adresserai à toi quand tu auras retrouvé ton identité. Nous parlons tous ici entre gens civilisés à visage/nom découvert.
J'ai failli zapper ton commentaire à cause de cela (et du racisme que j'y devine aussi).
Mais je l'ai laissé sachant que par ce commentaire tu fais plus de mal que de bien à ceux qui pensent ainsi.

Jerome :
Très belle lettre...
J'espère aussi qu'il te répondra.
Deux précisions :
> Pascal : le Pape, quel qu'il soit, n'est pas "vénéré" dans la religion catholique. Ni "idolâtré". On peut ne pas être d'accord avec lui, ce qui pose un problème de conscience mais pas de foi (cf. les groupes de catholiques gays).
> Kitt67 : le problème est que ces bâtiments, depuis justement la loi de 1905, appartiennent aux communes... D'où leur rénovation par les communes ou l'Etat (au titre du patrimoine architectural, pour ce dernier). Ca pose d'ailleurs un problème d'égalité avec les lieux de culte des autres religions, à mon avis.

mel o dye :
décidément, que ce soit dans ta réponse à la plaquette ou à l'anonyme, j'aime ton sens de la modération !!

wam :
amusant de constater que la seule personne qui prend la défense de l'église (ce qui est légitime, même si c'est souvent assez difficile à suivre) choisit de rester anonyme.
par ailleurs, jérôme, il faut bien avouer que de facto le pape est réellement idolatré, même si, tu le soulignes, ce ne devrait pas être le cas.
tu admettras volontiers, je pense, que certains papes ont commis à cet égard quelques péchés d'orgueil ... ;)

panama :
Non la vérité c'est que l'homosexualité est très répandue dans l'église catholique.
C'est un "divin mystère" comme ils disent... d'où une certaine encyclique de Benoit XVI.
Mais finalement je préfère donner mon argent à l'église catholique qu'à un parti politique. C'est, quoi qu'on en dise, un des soutiens de notre civilisation.

floflo :
juste bravo

Jerome :
> Anonyme : j'ai écris mon commentaire pendant que tu lâchais (double sens) le tien, dommage que je ne l'aie pas vu avant, ça m'aurait fait réagir plus tôt.
1. Relis les Evangiles et pose-toi la question de la cohérence de ton commentaire avec ce qui y est écrit...
2. Je ne vois pas pourquoi on aurait plus de droit parce qu'on est le premier quelque part. C'est quoi, cette version de la loi du plus fort ?
3. Insulter, comme tu dis, le Pape, c'est insulter un homme. Même chef de l'église, il est un homme.
On ne peut pas "insulter" Dieu directement, surtout le Dieu chrétien, celui des Evangiles (dans l'Ancien Testament, Il se met en colère assez souvent...). Ca n'a pas de sens logique. On peut ne pas y croire, ou être en colère contre Lui, mais à mon humble avis, Il est largement au-dessus du sentiment humain d'être 'insulté'...
Ca me fait de moins en moins rire (jaune) ces extrêmistes qui condamnent et se pensent détenteurs de la seule vérité...

Orpheus :
Mel'O'Dye > Si tu savais, parfois, je me surprends moi-même...
Wam > Je partage ton étonnement quant à l'anonymat de certain. Même s'il ne s'agit pas de défendre l'Eglise en général mais un homme en particulier...
Et pour ce qui est du péchés d'orgueil des Papes, il n'y a pas l'ombre d'un doute...
Panama > Les deux me posent problèmes. Mais si je devait absolument choisir entre financer l'un ou l'autre, je ne serais pas bien long à prendre une décision
Floflo > Juste merci. Ça me fait plaisir que tu aies bien réagi.
Jerome > Ne te fatigue pas plus que ça avec les "anonymes". Je partage cependant les idées de ta réponse.

Sekhmet :
"Quand on laisse la parole aux anticléricaux": Hé oui, les anti-cléricaux ont le droit de parole, ça vous en bouche en coin, ça s'appelle la démocratie. Si l'Eglise n'est pas d'accord avec ça, je ne vois pas pourquoi il faudrait que l'Etat lui donne des subventions.
"Quand vous insultez notre Pape, vous insultez Dieu en personne.": C'est écrit où ça dans la Bible? Allez, on cite ses sources, un peu!
Orpheus tu as eu raison de tolérer l'intolérant, il se fait beaucoup de mal lui-même.

caddaric :
wam > et encore, s'il n'y avait que le péché d'orgueil... :-

ug :
bravo : un vrai maître

TarValanion :
Y a des anti-clericaux ici? Pour le moment, je n'ai lu que des agnostiques... A moins qu'ils soient les deux sans le dire, ce qui est aussi possible.
J'adore ta lettre, Orpheus! Un sens de la repartie digne des plus grands!

catholorenzo :
Personnellement, je crois que c'est le manque de fric qui obligera l'Eglise Catholique à changer. Sans parler du manque de recrutement. Pour l'instant, les légions de la Révolution Conservatrice croient qu'ils vont ramener plein de monde dans les églises. Merci d'avoir le courage de les envoye promener, poliment mais fermement.

cossaw :
Tiens, j'ai reçu la même lettre. Autre paroisse (Eglise de la Gare, place Jeanne-d'Arc), même discours.
A la poubelle directement.
Ceci dit, à propos de quelques commentaires : on n'est justement pas censé révérer le pape, juste suivre à la lettre ses recommendations... l'dôlatrie est bannie, en théorie (en pratique, ça dépend des lieux) de l'Eglise catholique.
La problématique dans un monolithe comme l'Eglise reste qu'elle est à la fois unique et multiple ; selon le point de vue de chacun, cela changera. L'ennui, justement, provient du fait que les messages qu'on entend sont souvent issus de la tête pensante conservatrice (le mot est faible) de la curie romaine - et cela ne colle pas forcément à toutes les paroisses !

Kliban :
J'aurais aimé écrire ça. Un sans faute de respect, de pudeur et de fermeté. Chapeau !
Quant à la papauté, c'est - opinion mienne - la lèpre de l'église. Son point faible. Un aiguillon fiché dans le corps du Christ, et contre lequel il faut se battre sans relâche. Que l'on soit croyant, ou non.

philo :
l'Eglise a encore beaucoup trop à voir avec l'Etat je trouve...surtout dans l'enseignement privé où c'est l'Etat qui paye les salaires de ces enseignants...et là j'avoue que ça coince un peu à mes entournures...

peregrinus :
Une petite précision, qui s'adresse en particulier à l'argument proposé par 'Anonyme', qui affirme que le catholicisme est la première religion du territoire français (dans l'ordre d'apparition chronologique), et qu'elle mérite à ce titre les subventions de l'état.
Il faudrait répondre que:
a) le christianisme est implanté depuis fort longtemps dans le territoire 'français', mais elle a cohabité, sous l'empire romain, avec divers autres cultes, qui étaient plus anciens. A ce titre (à la limite), s'il existe une secte druidique ou un culte payen reconnu, il faudrait également les subventionner.
b) En poursuivant cet argument: quel est le sens de dire 'le christianisme était ici avant les autres'? Le christianisme, comme bien d'autres cultes et comme bien d'autres formes et habitudes culturelles, est le fruit d'un métissage et d'une longue évolution. La pratique religieuse chrétienne des premiers siècles en Gaule était probablement, d'un point de vue rituel, très différente de celle d'aujourd'hui. Une longue série de conciles et de reformes ont abouti aux pratiques que l'on connaît aujourd'hui, pratiques très différentes, je le répète, de la vie des premiers chrétiens.
c) De façon implicite, il y a l'idée d'une France 'ontologiquement' chrétienne et, par extension, d'une Europe chrétienne. Jean-Paul II (et d'autres), l'a dit à plusieurs reprises. L'Europe chrétienne. C'est idée est étrange, est historiquement fausse: jusqu'en 1453 (chute de Constantinople), il existe 4 parties dans le monde méditerranéen, l'occident chrétien (l'europe centrale), l'occident musulman (Al-Andalus, c'est-à-dire une partie de la peninsule ibérique), l'orient chrétien (Bysance) et l'orient musulman (les royaumes musulmans, avec leurs grandes villes Bagdad - Damas - Le Caire). Sans compter la présence, dans les quatres parties, de communautés juives très actives.
Le monde n'a jamais été composé de territoires monolithiques et étanches. Tout est affaire de métissage culturel.

Orpheus :
Merci encore à tous pour les compliments venus des "deux bords". Comme quoi (à ma grande surprise) en restant calme, on arrive encore à faire passer un message (private joke to myself).
Je vous ai épargné deux autres commentaires d'"Anonyme". Toujours non-signé et rabachant le même "argumentaire" dans d'autres mots. Sans intérêt. Ignorons-le.

Sebastien :
Ben non. Je trouve que la démarche la plus intelligente est celle de Cossaw. Poubelle et basta. A quoi sert de bousculer les croyants dans leurs préjugés ? A rien. Au pire, tu peux les stigmatiser encore plus.

Orpheus :
Sebastien > Voici donc l'éternel "Pour vivre heureux, vivons caché". Et bien non, avec moi, ça ne prend pas. Au quotidien je n'ai pas à rougir de qui je suis. Et si on m'apostrophe sur le sujet, je refuse de jouer la comédie du bon petit soldat.
Lorsque les pédés sont sortis de leurs placards, il a fallu qu'ils se fassent accepter. Aujourd'hui l'homo est "rentré dans les moeurs" tant qu'il n'est pas sexuel (cf la campagne d'affichage Rainbow Attitude). Il reste néanmoins des relents d'homophobie latents. Nous avons essayé la politesse (Excusez-nous, nous souhaiterions avoir des droits), nous avons essayé le second degré (Gayprides), nous avons essayé l'intelligence auprès des politiques... Il reste pourtant tant à accomplir!
Alors non. Aujourd'hui, il me reste une alternative si je ne veux pas baisser la tête:
a) Je frappe, je cogne, je griffe et j'emplâtre les homophobes, ou
b) Quitte à les bousculer dans leurs préjugés, je leur montre aussi intelligement que possible qu'il faut pas pousser le bouchon trop loin.
Le (b) étant le dernier avis avant sommation et passage au point (a) clin d`oeil))
C'est ce que j'ai essayé de faire ici et c'est la position que je tiendrai devant chaque individu qui me manquera de respect du fait de mon homosexualité.

Claudius :
Superbe réponse, pleine de mesure.
Comme l'ont dit certains, elle mériterait de faire le voyage à Rome. Mais est-ce qu'un Benoît, même 16ème du nom, la comprendrait. J'en doute. L'intégrisme dont il fait preuve, comme son prédécesseur, ne doit pas l'ouvrir à la compréhension de l'autre. On pourrait s'en foutre si ce type de personnage n'avait pas une autorité morale sur des millions d'êtres humains.

Garg :
Excellemment modéré et efficace. Bravo.
Mais je dois ajouter que j'avais reçu en février une lettre similaire, et ce, à quelques centaines de kilomètres de chez toi. Un accès de curiosité me fait me demander si elle n'est pas préformatée avec ajout du nom du prêtre et de la paroisse..

Furyo :
J'ai beau être catholique, pratiquant, je trouve que tu as raison de lui répondre ce que tu lui as répondu, comme tu lui as répondu.
Tout simplement, je pense que mettre les gens face aux conséquences de leurs actes est la meilleure façon de les aider à évoluer.
Personnellement, je ne donne pas au denier du culte, mais je donne au secours catholique, aux Saint-Vincent de Paul...des gens qui sont dans l'action de charité envers les autres et qui ne les jugent pas.
Je préfère soutenir les gens de terrain plutôt que les idéologues dans leurs tours d'ivoire.

hadrien :
Bonjour, je suis tombé par hasard sur ton blog.
Je voudrais tout d'abord saluer ton ouverture d'esprit et ta douceur face à ce qui est à tes yeux (me semble-t-il) une institution/communauté condamnant une part profonde de ton être, et que tu sembles assimiler à ton identité, à savoir ce qu'on appelle homosexualité (qui en fait, je le conçoit ne se limite pas à de la sexualité mais aussi au beau sentiment qu'est l'amour).
Je suis catholique pratiquant, et je n'ai de leçon à donner à personne, mais dans un souci de vérité et de paix, laisse moi je te prie insister sur quelques points propres à ma religion, ou plutôt ma foi (foi que je partage avec les autres catholiques, aussi obtus puissent-ils paraître, et je ne pense vraiment à personne en disant cela).
Tout d'abord ma foi m'ammène à te considérer comme un homme (mon semblable), non pas comme un homosexuel, ce qui serait réduire la grande richesse de ton existence à tes pratiques sexuelles qui ne regardent que toi et ton partenaire.
D'autre part le pape donne un enseignement qui vise à faire suivre un chemin à ceux qui croient en Jésus. Ce n'est pas un chemin facile : il demande un renoncement, le renoncement au péché.
Qu'est ce que le péché? C'est le manquement à l'amour de Dieu (qui comble infiniment). Aimer quelqu'un n'est pas un péché.
Le rejet de l'homosexualité (non pas des homosexuels), ne peut se comprendre que dans une optique positive, où on abandonne cela au profit de quelque chose de plus grand (sinon cela n'aurait pas de sens et serait impossible).
La pratique sexuelle dans l'Eglise catholique est considérée comme reliée à un ensemble plus grand : l'intégralité de l'être dans la vie qu'il mène. Et cette vie doit être tournée vers la Vie. La Vie avec un grand V peut être définie, me semble t il, comme le bonheur, le beau , le bien, le bon, l'harmonie, l'amour : quelque chose que l'on désire de tout son être, et pour toujours.
Je crois que toute personne désire cela au fond d'elle.
Je crois que la sexualité doit être pratiquée dans l'amour, c'est à dire un don de soi, et un don de soi très profond, car cela touche au plus profond de notre intimité. La sexualité ne doit pas être pratiquée comme une possession de l'autre pour son simple plaisir, car cela transformerait quelque chose de très beau en quelque chose de très égoïste, et blesserait l'espérance d'un amour total, dans lequel la sexualité prend toute sa dimension de beauté.
Où veux-je en venir?
Le don total de soi à un autre ne concerne pas que la sexualité. Le grand désir de deux êtres qui s'aiment profondément est d'être ensemble de manière exclusive (confiance totale, amour de choix où l'autre compte profondément) et pour toujours (on a trouvé un diamant qui vaut plus que tout, on veux le garder). L'amour est une chance : on ne détient pas l'amour de l'autre, on le reçoit (sinon l'autre ne nous aime pas vraiment). Cela sous entend la liberté où l'autre se donne. On aime l'autre librement et c'est beau, et l'autre nous aime librement et c'est beau. Mais la vie est pleine de difficultés, et ce n'est pas facile. On peut être à tout moment tenté de lâcher. Quelle est alors la valeur de la parole donnée, et comment peut-on faire confiance? Comment peut-on choisir le chemin de l'espérance du meilleur devant tant de déception?
La réponse est qu'il faut y croire tout simplement! C'est le sens du mariage : un engagement vis à vis de l'autre, dans la durée, sans savoir de quoi demain sera fait.
Cela n'est possible que si on construit quelque chose ensemble, et cela engage donc toute sa vie, toutes ses activités, tout ça parce qu'un jour on dit à l'autre: tu es pour moi une chance, une perle inestimable qui vaut plus que tout ce que j'ai en ce monde.
On peut être rempli d'illusions à ce moment là, et avec le temps vient la maturité, où on découvre l'autre avec des besoins, avec ses faiblesses, ses forces, son équilibre. On s'épanouit ensemble.
Le Pape dit que c'est dans ces conditions que l'amour sexuel doit être vécu.
Le mariage catholique homosexuel ne peut exister car l'aspect sexuel n'est qu'une part du mariage : cette union a une autre vocation, avoir des enfants naissant d'une union d'amour, élevés dans ctte union d'amour qui les a fait naître, de la manière infiniment belle qu'offre la nature.
L'homosexualité n'est pas considérée par l'Eglise comme pire en soi que n'importe quelle pratique sexuelle qui éloigne de cet "ordre" jugé bon.
Il n'y a donc pas à créer de fracture entre des personnes qui la pratiquent, et d'autres personnes en pratiquant d'autres, et je rappelle que tous sont considérés comme pêcheurs.
Il n'y a pas que les homosexuels qui ne peuvent pas pratiquer leur sexualité comme ils le voudraient (librement), ou vivre leurs sentiments comme ils le désirent. Il y a autant de cas que d'hommes et de femmes souffrant. Cela demande une forme de discipline.
Certainent choses passent avant le sexe. L'homosexualité est une pratique, pas une identité.
Je pense que Benoît XVI, qui a renoncé à la pratique de sa sexualité peut en parler. C'est un choix vers quelque chose de plus grand, qui l'a appelé à un amour plus grand.
Mes paroles ont peut être un peu de dureté, mais j'essaie de les vivre (qui sait si je ne vais pas devenir prêtre), et je ne te juge pas. Sache simplement que par ma foi je m'éloigne de ce qui ne me semble pas bon, épanouissant, et que je peux moi même être désespéré de voir mes désirs profonds s'envoler. Mais j'ai appris qu'il ne fallait jamais désespérer, et je remets ma détresse entre les mains de Jésus qui guérit mon coeur blessé.
J'espère que mes paroles ne sont pas blessantes. Peut être que tout cela ne te dit rien, mais au moins tu sauras que ce n'est pas mal intentionné.
Bien à toi
Hadrien

Orpheus :
Hadrien > Merci d'avoir gardé un ton ouvert et calme dans cet exposé de tes sentiments, convictions et croyances. Je les respecte même si je n'en partage pas la totalité.
Je ne vais pas me lancer dans un inventaire détaillé ici (ce billet ciblant une chose bien précise), juste je m'autorise un petit commentaire sur une des choses que tu exprimes:
"L'homosexualité est une pratique, pas une identité." : Je suis d'accord sur le principe. Hélas, elle devient une identité quand on se sert de cette caractéristique pour définir et exclure une partie de la population.

micha :
Vous avez pensé aux pauvres prêtres catholiques de rite romain? Y peuvent pas se marier!les pauvres! ils vivent sans caresses d'un amour!
alors comment voulez vous que les aristocrates de l'église comprennent l'homosexualité? alors qu'ils ne comprennent même pas l'amour et qu'on ne peut pas vivre sans!
Faudrait p't'être filer à nos bons vieux curés (car il y en a de moins en moins de jeunes)1 euro par an pour qu'au moins ils puissent bien bouffer

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