Qu'est ce que je vous mets ?

A l'époque où j'habitais le 9èm, le bar restaurant d'Alfrédo était mon QG. J'y prenais mon p'tit-déj le matin avant d'aller bosser Boulevard Haussmann, puis Rue Scribe, parfois mon repas du midi, et de temps à autres un petit remontant le soir.
Alfrédo est devenu rapidement un pote. Même s'il est définitivement hétéro. Nobody's perfect! J'aime son humour de comptoir, parfois un peu lourd, souvent graveleux. Rien à voir avec un bar hype tendance marais. Du pur bar de quartier dans la tradition parisienne. Avec l'agent immobilier d'à côté qui vient prendre son demi, la caissière du supermarché d'en face son petit noir ou encore la secrétaire de la boite du dessus qui vient souffler un peu pour se détendre de son patron trop collant...

J'ai continué à fréquenter ce troquet quand j'ai déménagé dans le 18èm.
Et puis quelques années plus tard, je suis parti bosser en proche banlieue. Et là, ce n'était plus du tout sur mon chemin. Je repassais de temps à autre y manger le midi, mais plus irrégulièrement... Et puis de moins en moins et plus du tout. Mais nous gardions le contact avec Alfrédo. Une soirée d'anniversaire de sa belle, des coups de fil, des sms...

Après une année sans s'être vu, j'ai reçu un sms de lui pendant notre séjour à Prague de la semaine dernière. "Alors t'es morte?". Je ne réponds pas et me dis que je passerai le voir à l'improviste en rentrant.

Vis ma vie de Barman

13h45 - je passe la porte
Derrière son comptoir, il n'en croit pas ses yeux.
"Tiens, ma petite soeur! Comment ça va, connasse?"
Toujours un mot tendre, cet enfoiré!
Nous avons passé deux heures à rattraper le temps perdu, à plaisanter, à rire.
Il y a des amis qu'on croise un an après et que l'on ne reconnaît plus. Et il y a ceux qui ne change pas. Un an après, c'est comme si nous nous étions quittés la veille.

Passage derrière le Zinc pour la déconne.
Qu'est ce que je vous mets ?

Alfrédo n'est pas certain que mon T-shirt soit adapté à sa clientèle...
Ah bon?

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Sandrine :
C'est drôle. Je suis justement passé devant la semaine dernière mais le soir, c'était fermé. J'ai évidemment pensé à toi, à nos années Haussmann et à son cortège de chers(?) disparus(es)... Je suis si heureuse que tu n'aies pas suivi ce cortège ! Biz

Orpheus :
Sandrine > Kiss kiss !

Fil des commentaires de ce billet