Et Dieu dans tout ça ?

Une idée du divin

Ma famille paternelle est italienne, et donc plutôt très catholique.
Quand fût venu la période de me baptiser, ma mère (en accord avec mon père) s'est attirée quelques foudres matriarcales en déclarant que si je voulais une religion, je la choisirai moi-même. Scandale. La Grand-Mama en a oublié la cuisson de ses cannelloni et a essayé de convaincre ma maman. Peine perdue, je suis resté à l'écart de l'eau bénite.
J'ai toujours eu beaucoup de respect pour cette décision de mes parents.

Enfant, j'étais parfois jaloux de certains camarades de classe qui se réunissaient pour le catéchisme. Moi aussi, j'aurai bien aimé aller lire des livres avec eux et réfléchir sur la bonté et l'amour du prochain. Et quand ils ont fait leur communion, j'aurai certes bien aimé porter la robe blanche, mais surtout avoir tous leurs cadeaux.

Plus tard, en cours d'histoire, on m'a appris les guerres de religions et toutes les atrocités qui avaient été faites au nom de Dieu. J'ai alors compris l'énorme décalage qu'il y a entre la théorie et la pratique, entre le texte divin et ceux qui le font appliquer. J'ai alors développé une grande méfiance envers ceux qui ont le pouvoir de manipuler les êtres par la crainte du courroux céleste.
Je voyais le Pape tout cousu d'or et de broderie débarquer et prêcher la bonne parole dans les pays du Tiers-Monde. Les derniers sur terre seront les premiers au Paradis. Et bien, pour lui, ce n'était pas gagné! Il n'y avait qu'à vider les caisses du Vatican pour éradiquer la misère!

Plus tard en cours de philosophie, notre professeur nous avait fait étudier les trois grandes religions monothéistes. Si nous voulions comprendre pourquoi Marx disait que "la religion est l'opium du peuple", il nous fallait un minimum de base. Il s'en est suivi de longues discussions et débat entre les élèves chrétiens, musulmans, juifs et athées de la classe.
Je me rappelle avoir lâché une mini-bombe à l'époque en disant que ce qui faisait la seule crédibilité d'une religion était le nombre de pratiquants. Celui qui dirait aujourd'hui croire en Jupiter, Mars et Venus passerait aux yeux des chrétiens pour un gentil fou. Pourquoi? Parce que plus personne ne croit aujourd'hui aux dieux de la mythologie romaine. Alors qu'à la grande époque de l'Empire Romain, les moins nombreux étaient les chrétiens. Ils étaient alors passés dans l'arène pour folie hérétique et négation des dieux. Je terminais mon 'exposé' en imaginant que dans un millénaire une nouvelle religion avec de nouveaux dieux apparaissent et que si elle réussissait à convaincre la quasi-totalité de la population, ceux qui croiront encore en un dieu chrétien passeraient à leur tour pour des fous. Raisonnement à deux balles, certes, mais avec une bonne équipe marketing, on peut s'attendre à n'importe quoi!
J'ai alors fait ma première expérience de la violence religieuse. Une élève m'agressait en m'accusant de blasphème et essayait de me démontrer l'existence de Dieu. Je lui répondais que je n'essayais pas de la convaincre de la non-existence de Dieu, que je respectais ces idées mais que j'attendais d'elle qu'elle n'essaye pas de me convaincre et qu'elle respecte mon athéisme. Et toc.

Plus tard à la télé, j'entendais le Pape s'exprimer sur le Sida et les préservatifs. Je trouvais son discours totalement criminel. Conscient de l'importance de son pouvoir sur ses fidèles, j'ai alors développé une certaine haine à son égard. Comment un homme censé tenir un discours d'amour du prochain, de tolérance et de paix pouvait-il avoir un raisonnement si dangereux pour la santé publique universelle?
La prise de conscience de mon homosexualité n'a ensuite fait qu'amplifier mon mépris pour cet homme dont les déclarations me semblaient tout sauf en adéquation avec les grandes théories charitables. Même pas un effort de compréhension de sa part... Je me souviens avoir dit alors que je sabrerai le champagne quand il cassera sa pipe.

Je constatais que j'entrais à reculons dans les églises. Je m'y sentais mal à l'aise. En complet décalage. Je me souviens avoir dit que je n'aimais pas les églises parce que j'avais peur que la foudre me tombe dessus en y entrant. Je plaisantais. Certes. Mais pour que la foudre me tombe dessus, il faut bien qu'un Dieu existe. C'est la première fois que j'ai remis en cause mon athéisme.
Peu à peu, j'ai constaté que mes croyances évoluaient. De l'athéisme à l'agnosticisme. Ce qui est au-delà du donné expérimental, ce qui est métaphysique est inconnaissable. Ce n'est pas de la négation de Dieu, c'est reconnaître de ne pas savoir. Si un Dieu existe, l'homme n'en sait rien et ne peut le démontrer. Je crois en un principe créateur, que ce soit la nature ou un dieu. J'accepte de ne pas en savoir plus.
Au quotidien, ça change quoi?
Pas grand chose en fait. J'essaye de bien me comporter, de ne nuire à personne et d'aimer mon prochain en acceptant ses différences. Et je trouve que je me débrouille plus humainement que beaucoup de croyants (toutes religions confondues).

Ma méfiance envers les représentants des religions reste inchangée.

Ces dernières années, j'ai du assister à de (trop) nombreuses funérailles. Si je peux désormais me sentir à l'aise dans les églises, il y a des choses dont je suis incapable. Dire amen, faire un signe de croix ou écouter les sermons du curé en font partie. Je me contente de me remémorer les bons côtés du défunt et de déposer un baiser de la main sur le cercueil plutôt que d'utiliser le "hochet".

Et le Pape dans tout ça?
Il a réussit à me faire passer de la haine à la pitié.
La première fois, il y a un an ou deux. Déjà mourant, il était harnaché dans un avion, et d'autres passagers venaient se faire prendre en photo à côté de lui. J'avais trouvé ces images d'une violence singulière. Voir ensuite l'acharnement thérapeutique autour de cet homme qu'on bourre de drogues pour le maintenir en vie est assez pathétique. Il y en a qui n'ont jamais entendu parler de mourir dans la dignité.
Il n'est jamais revenu sur ces déclarations envers le préservatif ou l'homosexualité. Il n'a jamais vidé ses caisses non plus d'ailleurs. Mais ce n'est pas parce qu'il n'a pas eu l'intelligence de reconnaître ses erreurs que je dois boire du champagne à sa mort.
Je serai juste soulagé pour lui.

Mais j'attends le prochain de pied ferme.

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Taurus :
tu as de la chance, car en ce qui me concerne, je n'ai pas choisi, me retrouve baptisé et j'en auis à un tel dégout de l'église et de ce qu'elle fait que je voudrais me faire débaptiser, mais je l'ai été en Allemagne et ça s'avère très compliqué...

Orpheus :
Je ne savais même pas que c'était possible en France.

TarValanion :
J'ai été baptisé à ma naissance pour faire plaisir aux grands-parents. Je suis ensuite allé au catéchisme de mon propre chef sans que personne ne m'y pousse. J'ai fait mes deux communions puis j'ai arrété. Je ne crois pas avoir jamais cru en un dieu quelconque. Aller à l'eglise ne me derange pas et la pape ne m'inspire aucune haine.
En fait, il est dommage de ressentir un sentiment aussi fort pour un être qui ne le merite sans doute pas.

Orpheus :
Tarv' > On appelera ça une erreur de jeunesse... je reconnais mes erreurs de jugements...

Gluon :
Je met à part le baptême adulte qui fait suite à un cheminement personnel, mais dans le cas du baptême d'un bébé ce qu'on oublie souvent ou qu'on ne sait pas c'est que les parents ne s'engage pas à ce que leur enfant ait la foi plus tard mais il s'engagent eux-même (ainsi que le parrain et la marraine) à fournir une éducation religieuse cohérente afin qu'il ait plus facilement la chance de croiser Dieu sur son chemin. (c'est moi en tant que croyant qui considère que c'est une chance bien sûr

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