La double vie

C'est le dossier de Têtu-plage qui m'a fait songer à cette histoire que je n'ai pas encore racontée ici (enfin, je crois...). Et puis aussi, Paris est parfois bien petite et la semaine dernière, le métro est devenu le théâtre d'une rencontre inattendue...
Flash-back de dix ans (manandedieu... déjà! Putain, chuis vieille...)

Intérieur nuit - Un bar gay parisien, l'Amnésia pour le nommer.
A force de l'y voir, je connaissais plus ou moins le barman de l'époque. Il m'avait accueilli ce soir là par un retentissant "Messieurs, la chasse est ouverte!". J'avais du rougir certainement. Bref, peu après, un garçon à l'autre bout du bar, un peu plus vieux que moi hoche la tête, lève son verre et se dirige dans ma direction. Il me demande ce que le barman a voulu dire. "Je ne sais pas, faut lui demander". Il lui demande (ce con!) et l'autre de lui répondre "Quand il vient seul, il repart toujours à deux. Ce soir il est seul, donc il chasse...". Pfff, radasse, même pas vrai. On ne peut définitivement pas se fier à un barman.
Bon d'accord, ce soir là, je suis reparti avec le beau brun. Chez lui.
Nous avions longuement discuté (oh, pendant tout le trajet en taxi) pour qu'une fois arrivés chez lui, nos bouches trouvent une toute autre occupation. Une quinzaine de minutes après, les vêtements s'envolaient par-dessus nos têtes et nous froissions les draps.

Je ne sais plus dans quelle position nous étions (en fait si, je me rappelle très bien) quand la porte d'entrée se fit entendre. "Merde, ma copine" laissa-t-il échappé un rictus au coin des lèvres. Un instant plus tard la porte de la chambre s'ouvrait sur une sculpturale brunette avec des éclairs dans les yeux... Moi connement, je pensais que c'était son mec qu'il appelait sa copine... "C'est quoi ce bordel! Tu m'avais juré d'arrêter tes conneries!". Donc elle était au courant des penchants de son copain mais ne les acceptait pas complètement pour autant.
Pendant qu'un ping-pong houleux commençait entre les deux protagonistes, je m'extirpais des draps, et nu comme un ver rassemblais mes affaires et quittais la pièce avec un "je vais vous laisser, je crois que vous devez discuter tous les deux.". Un "c'est ça, casse-toi!" qu'elle me lança me donna raison...
Cherchant un taxi, je me disais que le lendemain, j'en aurai de belles à raconter à mes copines.

Quelques mois étaient passés. Il était de nouveau à l'Amnésia. Manifestement, ça ne lui avait pas servi de leçon. Cette fois-ci, c'est moi qui me dirigea vers lui. Il s'excusa pour la mésaventure de la dernière fois. Une heure plus tard, il me demandait si on pouvait aller chez moi. J'aurai aimé lui dire qu'il y avait une chose que je ne pardonnais pas : le rictus qu'il avait eu en entendant la porte d'entrée. Comme s'il prenait par avance plaisir au mal qu'il allait lui faire. J'aurai aimé avoir été plus fort que mes pulsions ce soir là.
Je ne l'ai plus revu.
Le pire dans cette histoire, c'est que je ne sais même plus comment il s'appelle...

Je garde un excellent souvenir des bisexuels qui ont croisé ma route. Parce qu'ils se lâchent pour mieux profiter de cette bouffée d'air qui leur est offerte, je les ai souvent trouvés d'agréables compagnons de jeux. Au quotidien, je reconnais que ça doit être difficile à gérer...

Je regarde Jièm qui dort allongé sur le lit.
Il n'y a pas de hasard.
Je suis bien content aujourd'hui de l'avoir converti celui-là.


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PS : le dossier de Têtu c'est sur "la vie secrète des hommes mariés".
PS2 : Et ce n'est pas lui que j'ai croisé dans le métro, mais elle...

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Le Citadin :
Idem
Je suis bien content de l'avoir converti celui-là." même chose pour moi.
Mais comme il ne faut jamais dire "fontaine..." et que rien n'est jamais certain, je fais tout (ou presque...) pour que sa "convertion" soit définitive... langue

alain :
eh oui les choses sont parfois compliquées pour les bi
Si je comprends bien je garde une chance

TarValanion :
Rah, mais c'est fini, ces allusions à mon week-end?? J'ai assez de mal comme ca.

RCerise :
"Quand il vient seul, il repart toujours à deux. Ce soir il est seul, donc il chasse.... Pfff, radasse, même pas vrai."
Ah bon? ... A trois, vous repartiez? ange piti cachotier... rire

orpheus :
Le Citadin > Et oui, et pour maintenir le cap, c'est un travail de longue haleine rire
Alain > Ben heureusement que c'est compliqué. Manquerait plus que ça vous tombe tout cuit dans le bec!
TarValanion > Tu y vois une allusion parce que tu culpabilises. gniark Sinon, ce n'est que coïncidence.
RCerise > C'était dans une autre vie... *soupirs* Mais c'est vrai qu'il exagérait quand même.

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