Rude interlude de solitude

Perrette sur ses oreilles ayant les écouteurs de son baladeur s'en allait chemin faisant gambadant par delà les rues de la ville. D'excellente humeur après la nuit passée dans les bras de son fiancé, et la perspective de la journée motivante qui se profilait, le sol semblait glisser sous ses pieds. Légère, elle esquivait d'un gracile déhanchement les obstacles sur son trajet, à savoir, un enfant aux mains souillées de chocolat, des déjections canines, une voiture trop impatiente pour marquer l'arrêt au feu rouge et un troupeau de gnous.

Un rayon de soleil filtrait au travers des nuages. Et comme elle était en avance sur son horaire, elle se dit qu'elle avait le temps de prendre un café avant de pointer à la laiterie. La taverne était bien bruyante ce matin là, aussi elle pensait qu'elle pourrait sans gêner quiconque dans son voisinage s'enquérir de la situation de son promis, levé tôt le matin pour attraper un train pour le Sud. Sa conversation téléphonique terminée après les bisous bisous d'usage, elle se renfournait les écouteurs jusqu'aux trompes d'eustache.
Guillerette, elle s'amusait à caler ses moindres gestes sur les cymbales et autres percussions déversées jusqu'à son cervelet. En rythme, elle dezippait la fermeture éclair de sa besace, en rythme, elle en extrayait une bourse pour laisser toujours en rythme quelques piécettes sur le zinc en paiement de son du.
Dans trois mesures le refrain, elle s'apprêtait alors à quitter les lieux. Une, deux, trois. Elle s'était élancée vers la porte avec grâce quand elle eut l'impression qu'un quidam la hélait. D'un habile mouvement du bassin, elle fit volte face tout en ôtant l'écouteur de son oreille gauche. Le tavernier lui signifiait qu'elle allait partir sans son téléphone abandonné sur le comptoir. Après les remerciements d'usage, elle remit sa perfusion musicale en place et reprit la direction de la sortie.

Il était trop tard quand elle comprit qu'entre temps une autre personne avait passé la porte et refermé celle-ci à sa suite. Abusée par la transparence de la vitre, Perrette venait de s'y fracasser la face avec une violence inouïe, puisque au rythme de la grosse caisse.
Le séant au sol, des étoiles dans les yeux, elle tentait de reprendre ses esprits quand un charmant quidam lui prit la main et la questionnait sur son état. Les pompiers étaient-ils déjà là se demandait Perrette. Etait-elle restée évanouie longtemps? Allait-elle avoir droit au bouche à bouche? Mais déjà les étoiles se dispersaient et sa vision se fit plus claire. Elle remerciait maintenant le Grand-père en lui rendant gentiment sa main.

"Ne vous inquiétez pas, je suis cascadeuse à temps partiel. Merci. Au revoir!" furent les derniers mots qu'elle prononça en s'échappant sous les regards médusés et amusés.
La journée avait pourtant bien commencé.


Moralité : Quand on est distraite, mieux vaut modérer la musique dans les oreillettes si on ne veut pas passer pour une blondinette un peu simplette.
 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

garfieldd répond au courrier des lecteurs :
"cascadeuse à temps partiel"... pipi-culotte !!!

Le Citadin :
Ouh... ça, ça sent le vécu... rire

Ozz :
Vlam !
"un troupeau de gnous" : t'es encore sous le choc ! rire

dom :
trop fort...
Je m'accroche à mon bureau tellement je ris, j'en chiale, voila pourquoi je t'aime tant !

Panama :
Rhôôôôô ! La honte ! remarque, moi aussi je suis spécialiste de ce genre de plans... Le tout est de le prendre avec humour, pour éviter un boque monumental blues

alain :
Pété de rire et Bravo l'artiste souriant écris autrement cela aurait pu donner ce-ci:
Dans les vaps après avoir baisé comme une bête toute la nuit je partais au boulot musique à fond ds les esgourdes.A un feu rouge j'ai vu un troupeau d'antilope huh pour m'éclaircir les idées j'allais prendre un café ds le 1er troquet venu.En sortant j'oubliai mon portable je revenais sur mes pas mais en sortant en trombe croyant la porte ouverte je m'éclatais la tronche sur la vitre je me retrouvai sur le cul ds les vaps ange je me réveillai zen on me tenait la main !!!Serais-ce la blonde du coin du bar gniark ,(je m'égare je me suis trompé de blog)ou un bôôô pompier? langue Hélas non c'était un vieux bedonnant et chauve qui puait la gitane maïs blues ,réveillé je m'éclipsais en ronchonnant un merci à la ronde

Fitz :
Il fallait en avoir de la répartie pour la trouver celle-là, surtout dans cet état

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