Le cri du matou

Il y eut d'abord celle de "L'escalier infernal" où propulsé du haut de la rampe, il devait arriver jusqu'en bas sans tomber à la renverse. LeChat deux points. Leucha two points.
Puis vint celle de la "La porte folle". Le félin placé en équilibre au sommet devait tenir le plus longtemps possible alors que j'essayais de le faire choir en agitant la porte et variant les intensités pour faire durer le plaisir... LeChat cinq points. Leucha five points.
Pour le jeu de la "camisole", il devait se libérer d'un pull dans lequel je l'avais enfermé. Et là il excellait! LeChat douze points!

Ma grand-mère qui entendait son raminagrobis miauler de tout son coeur hurlait (c'est une italienne) de sa cuisine en me demandant ce que je pouvais bien faire. Un espiègle "Rien, nous jouons" la rassurait...
Pas rancunier pour deux sous, LeChat continuait à faire sa sieste contre moi. Il savait qu'il ne risquait rien tant que j'avais les yeux rivés sur la télévision. Et moi, je le câlinais en écoutant sa turbine à ronronnements. Il savait que c'est uniquement lorsque je l'appelais d'une voix un peu trop mielleuse pour être honnête qu'il devait se méfier.

"Le tourniquet de la mort" était mon challenge favori. Juste en face de la maison, il y avait cette plate-forme de bois aux arceaux de métal sur lequel nous tournions à nous en donner la nausée... Vous imaginez la suite? Oui, c'est bien cela. LeChat trois points!
C'est là que ma grand-mère me surprit de sa fenêtre. Elle en avisa mon grand-père qui compris pourquoi son mistigri glissait peu à peu vers la folie. Je reçus alors une sacrée correction...

Les vacances suivantes, je retournais chez mes grands-parents. Ils venaient de faire l'acquisition d'une nouvelle machine à laver... Et le lendemain "Minou, minou... vient voir..." et le minet de détaller quatre à quatre. Je parvins néanmoins à le coincer.
C'était l'épreuve ultime, "la machine inondée". Ouverture du hublot. Encouragé par les applaudissements du public dans les gradins de mon imagination, j'installe mon candidat dans le tambour. Il n'y avait plus qu'à refermer l'écoutille et appuyer sur le bouton Marche.
Heureusement pour LeChat, j'entendis ma grand-mère approcher de la buanderie. Je pris ma voix la plus innocente "Allez, sors de là... ce n'est pas un endroit pour faire la sieste, tu pourrais avoir une mauvaise surprise!". Il jaillit hors de sa cellule en un éclair. Miawwwww! Grand sourire à celle qui venait d'arriver avec du linge dans les bras. "Oulala, on l'a échappé belle!". "Oui, j'en ai bien l'impression" fût sa seule réponse...
LeChat n'a jamais passé l'épreuve de la machine. J'avais compris qu'il y avait une limite à ne pas dépasser. Un mois plus tard, j'apprenais qu'il avait été écrasé par une voiture. Qu'est-ce que j'ai pu pleurer... C'est que je l'aimais ce matou! On lui a fait de belles funérailles.

Quelques années après, j'avais un petit rictus en voyant les premières publicités pour "Le Chat Machine"... Aujourd'hui encore, je ne peux voir un enfant avec un patte-pelu sans une pensée émue pour feu mon compagnon de jeu.

J'avais neuf ans et je venais de faire pour la première fois l'expérience du sadisme.

"Jièm, mon ange... Viens voir..."

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Gluon :
Mais c'est abomifreux !

RCerise :
Cooool! Par contre, désolé, mais je n'ai jamais donné à manger à une araignée: je détruisais consciencieusement sa toile pour, justement, qu'elle crève de faim, cette sale bête.
Et griller les fourmis avec une loupe, tu n'as jamais fait? Quel bonheur, les fourmillières...

Matoo :
Salauuuuuuuuuuud ! Moi le pire c'est avec ma cousine, on a jeté une fourmis dans une toile d'araignée en Corse. La rapidité et l'avidité avec laquelle spiderwoman s'est jetée sur notre petite innocente froumie nous a gavement choqué. On en parle encore c'est dire !!!! On est toujours pas remis de cette culpabilité sadique !!!!

Mademoiselle de Bourge :
Trop bien!
Moi je faisais dans le même style avec le chat de ma grand-mère... mais lorsqu'il est mort d'une crise cardiaque, j'ai été déclarée coupable!
Depuis, je n'ai plus le droit d'approcher son nouveau chat... et j'ai mis longtemps avant de comprendre pourquoi!

caddaric :
Petit j'aurais peut-être fait pareil, j'avais horreur des chats...
Mais maintenant je les adore (merci mon chéri), même si des fois je les passerais bien à la broche quand ils font des bêtises... clin d`oeil

Orpheus :
Gluon > Meuhnan, c'était de l'amûûûr!
RCerise > Le briquet était bien plus rapide (et jubilatoire) que la loupe!
Matoo > A "l'âge cruel" tu étais déjà hypersensible... C'est beau!
Mademoiselle de Bourge > Waou! Vous ici, quel honneur! Peut-être trouverons-nous des minets à martyriser ensemble à la prochaine GP clin d`oeil
caddaric > Mais, je n'ai jamais eu horreur des chats. Que ce soit clair... J'ai même eu parfois l'envie d'en adopter. (Heureusement, ça m'a vite passé).

Ozz :
Quel veinard ce Jièm
Ce soir c'est supplice de Tantale.

Euronymous :
Si tu as plus triste à raconter moi j'arrête les visites okay? Et puis tu n'as qu'à passer en boucle "Everybody Hurts (Unplugged)" de The Corrs pendant que tu y es (Half Kidding)
Allez c'est bien triste tout ça, mais il y a un paradis et tu le sais puisque tu es revenu des enfers clin d`oeil
Tschüss

dom :
heu...
ça me donne des idées tout ça, il y a deux chats chez beau papa et belle maman...

Lo :
moi, j'enfilais mon cochon d'Inde dans un cylindre en carton, et je faisais rouler le dit cylindre pour que la pauvre bête perdre ses facultés d'équilibre!
PS : il n'y a aucune connotation sexuelle dans le verbe enfiler! C'était une femelle alors...

RCerise :
Orpheus et Mlle de Bourge: c'est sur qu'à la GP, les minets, c'est pas ce qu'il va manquer... Je prète les menottes à Mlle de Bourge?

bernard :
la face cachée de l'orpheus
j'espère que ton grand père a eu la main bien lourde, et que tes fesses - nonobstant partie fort adorable de ta personne - en ont gardé l'empreinte longtemps. Il ne reste plus qu'à esperer que Brigitte ne lise pas ton blog!

Orpheus :
Ozz > no comment :)
Euronymous > Oh oui, il y a plus triste! (tes commentaires sont toujours de bons conseils musicaux... je vais t'embaucher pour être mon illustrateur musical)
Dom > Je décline toutes responsabilités !
Lo > Tu fais bien de préciser...
RCerise > Pas la peine, j'en ai une paire en réserve
Bernard > Suffisement pour que je m'en souvienne.
Si tu fais référence à la Bard0t, elle peut toujours m'appeler (cette vieille p*te), je lui demanderai par la même occasion qu'elle m'éclaire sur deux points:
- Elle qui milite pour le respect des animaux, comment explique-t-elle qu'elle ait fait castrer l'âne de son voisin pour qu'il arrête de braire et cesse ainsi de l'importuner.
- Ne voit-elle pas une opposition entre son combat pour le respect des êtres vivants et son rapprochement avec les idées et un responsable du FHaine...

Webast :
Comme j'aime ces petites annecdotes de notre passé...
J'ai l'impression que rien n'est plus comme ça maintenant. Mon petit frère est insensible à tout ça, tout ce qui l'interesse ce sont les ordinateurs...
Comme c'est dommage.
Biz en passant

Orpheus :
Webast : Essaye de torturer ton frangin pour tester réellement son insensibilité

ug :
ben moi, tres ange, je n'ai jamais fait mal à une bête pour la simple et bonne raison : j'en ai peur. Ca bouge, griffe, ... :( :( que ce soit chien, poule , chat, les araignées me font peur ......

Webast :
Moi pour tout vous dire, j'ai toujours rêvé de shooter dans un pigeon lol... C'est du pure sadisme mais j'en ai toujours eu envie :)
Ps: je ne l'ai jamais fait... Et si je le fais un jour ce sera parce que le pigeon m'aura agressé avant...
;)

Yann Orpheus Blog

Le cri du matou

Ajouter un commentaire