Question de points (de vue)
mercredi 9 mai 2007, 12:00
C'est toujours quand on ne s'y attend pas que le con frappe.
Extérieur jour
Un passage piéton proche de Goncourt, Paris XIèm, pas loin de 19h
J'attends que le petit bonhomme passe au vert avant de traverser, j'en profite pour essayer d'attraper mon baladeur meupeutrois au fond de ma besace.
Un crissement de pneus accompagné de coups de klaxon nerveux me fait lever la tête. En plein milieu de la rue, deux individus ont failli se faire tailler un short. Je les indentifie bien rapidement comme appartenant à une minorité, celle des citoyens dont l'orientation sexuelle les prive de certains droits :
- coiffures déstructurées très Taunihandguaille,
- tenues fashieunes et lunettes de soleil malgré les nuages,
- petit cri suraigüe d'horreur en réaction à l'événement, assorti d'un "nan mais elle est pas folle celle-là de me faire des frayeurs comme ça!" (nota bene : le conducteur du véhicule étant du genre masculin)
Bref, deux pédés-clichés hors des clous. La scène puisque sans drame m'aurait même arraché un sourire si je n'avais pas eu les tympans brisés.
Sauf que...
J'entends alors mes voisins de trottoirs, deux individus en dehors de tout étiquetage socioculturel, entamer une conversation :
"- C'est bien 2.000 points le bonus pour les piétons écrasés ?
- Non, pour les tantouzes c'est le double !"
J'espère ne pas être stupide au point de ne pas entendre l'humour dans des propos (même quand il n'est pas de mon goût). Là, le ton avait quelque chose de glacial, tranchant et même de sardonique.
Passé le coup de froid dans le dos, je me suis tourné vers les deux connards (et bien voilà, j'ai finalement réussi à leur coller une étiquette) pour leur lancer "Et pour vous deux, c'est le jackpot assuré et l'extraball en prime!". Le petit bonhomme étant passé au vert, j'enfonce mes écouteurs au plus profond pour ne pas les entendre répondre et continue mon chemin.
Je me demande si, à (trop) faire campagne sur le thème de "je n'ai pas honte de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas", nombreux se sentiront déculpabilisés de leurs mauvaises pensées et les clameront sans le moindre complexe.
Ce soir, ce passage piéton avait bel et bien un panneau de danger.
Cet air vicié m'a ruiné l'humeur pour la soirée.
NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.
Ce billet a reçu les commentaires suivants :
samantdi :
C'est dans l'air du temps, les cons sont de sortie, ce n'est pas le moment de baisser les bras, le marathon va durer (au moins) cinq ans...
Olivier Autissier :
Je trouve ton adjectif "mauvaises" pour pensées fort gentil. En même temps, je pense que le dire tout haut s'il peut être crispant à certains endroits pourrait se révéler efficace en matière de tri sélectif.
WK :
En avant pour le tri sélectif
fiuuu :
mon dieu quel monde de fou ....
Stefirst :
100% d'accord avec Satmandi.
panama :
Bah, les cons il y en aura toujours gne
Faut les moucher systématiquement (euh... quand c'est pas trop dangereux, hein).
les tamaris :
la bonne nouvelle c'est que c'est juste à côté de chez moi triste
c'est pourtant un quartier où la bravitude a atteind les 63%
Bohémond :
Bien dit!
Bravo! Je trouve que tu as eu du cran de leur répondre ça. Et en plus cela a du te soulager
Ce genre de propos ne me paraît pas trés drôle. Ils auraient dit ça d'une vieille, d'un rebeu, ou de n'importe qui d'autre, cela aurait été pareil.
orpheus :
SamantChou > Ce n'est qu'un début, continuons le com-bat ! (ça va être épuisant!)
Olivier > Au moins, on saura à qui on a en face, ouaip.
Panama > Oui, il y en aura toujours. Et comme le dit Samantdi, "on est toujours le concon de quelqu'un". Il y a juste que parfois, j'aimerais qu'ils s'abstiennent de me polluer l'air de leurs pensées. Ou je sais pas, moi... qu'ils ouvrent un blog pour y déverser leur fiel. Blog que je n'irais pas lire, bien sûr.
Oui, je dois vraiment être le concon de beaucoup.
LesTamaris > De là à demander l'indépendance du XIème arrdt (et pi le XVIIIème aussi, tant qu'à faire!)
clin d`oeil (je déconne, hein!)Bohémond > Oué, faire gaffe quand même. On ne sait jamais vraiment le degré de violence de l'inconnu.
Oui, il se trouve que les "victimes" étaient des Zomos, maintenant toute autre indexation aurait été aussi abjecte.
JSC :
Et alors tu n'as jamais ri sur les blagues belges, juives, Irlandaises? Je crois que nous sommes tous discriminatoires, si peu qu'il soit.
orpheus :
JSC > Ah non alors !
L'éternel débat qui me pète le cul de rage : "Peut-on rire de tout ?". Et bien non, c'est trop facile. Surtout que là, la question ne se pose pas, ce n'était pas de l'humour, c'était froid, cynique et sordide.
NDLR : Les commentaires sur les réseaux sociaux ont tendance à se perdre avec le temps dans les limbes des internets. Pire encore, selon le sujet, ils risquent d'attirer les trolls en tout genre.
Dans la mesure du possible, merci de privilégier l'expression de vos pensées ici sur ce blog, où le texte est publié dans son intégralité, plutôt que sur les réseaux sociaux. Et je me ferai un plaisir d'y répondre !