Sortie de placard

Qui dit nouvelle société, dit également nouveaux collègues et découvertes de chacun. Dans des services où les rapports humains sont exceptionnellement conviviaux (je n'ai jamais vu ça à ce point d'ailleurs !), chacun y va de sa petite histoire privée à la pause café, au resto le midi ou autour d'un verre amical à la fin de la journée.
Depuis le mois de juillet, je me suis peu à peu découvert auprès de certains.

 

Quand vous avez 34 ans (Fuck! Bientôt se chiffre sera de l'histoire ancienne), on vous demande tôt ou tard si vous êtes mariés. Et si la demoiselle en question est "sur le marché", il convient d'être honnête si on ne veut pas subir des assauts intéressés.
Début août.
Nous sommes huit dans un bar du 11ème. Cuba libre pour les uns, bière pour les autres, Mojito pour ma pomme. Et je dois répondre à la fameuse question.
" - Non, je ne suis pas marié. Mais cela ne veut pas dire que je suis célibataire pour autant".
Auprès d'autres personnes, j'avais plusieurs fois utilisé le pratique "mon ami", neutre à l'oral. Mais cette fois-là, ma réponse n'avait pas suffit à satisfaire la curiosité féminine de mon interlocutrice qui me réclamait un prénom.
" - Ah, la grande question! Tu sais quand on pose des questions, faut être prêt à entendre les réponses... Elle s'appelle Jean-Marc".
Rapide coup d'œil autour de la table, personne ne semble atterré, de l'autre côté de la table la conversation se poursuit normalement. Juste un regard complice entre deux filles que j'ai traduit par un "tu vois, je te l'avais dit, j'en étais persuadée".

Le sujet est revenu sur la table quelques fois depuis. On m'a demandé pourquoi je n'en avais pas parlé plus tôt. Plus tôt?!? Ça veut dire quoi, le premier jour?
J'ai répondu que l'homosexualité n'est qu'une facette de ma personnalité et qu'elle n'a pas à être mise en avant plus qu'une autre. J'ai aussi ajouté que vu ma position, il convenait d'être prudent vis-à-vis de la perception qu'on peut avoir de mon travail. Qu'un graphiste hétéro utilise du rose, on trouvera ça tendance, alors que si c'est une personne ouvertement connue homo, une dominante de #FF017D sera taxée de "trop féminin". J'ai déjà pu observer ce comportement dans d'autres lieux et je préfère jauger l'intelligence de mon entourage avant de m'exposer de façon officielle.

Je précise "de façon officielle".
Car je ne pense pas faire illusion bien longtemps. Je n'ai pas une garde-robe et des attitudes compartimentées en fonction des horaires de la journée. Je suis comme je suis et c'est à prendre ou à laisser. Peu m'importe.

Là où ça m'amuse, c'est que depuis, certaines personnes se confient à moi et je sais maintenant des choses privées que d'autres ignorent. Ma perception change également. Je ne juge pas, bien au contraire, j'apprécie cette petite marque de confiance et je m'attendris un peu.

Reste "Ma Chef"... Faudra que je glisse l'info innocemment au détour d'une conversation. Outre un respect mutuel et une excellente entente, je ne voudrais pas qu'elle se sente "exclue" et "la dernière à savoir". En même temps, elle est plutôt fine et ce détail ne lui a certainement pas échappé. Je me demande même si cela n'a pas joué au recrutement...

Bon ça, c'est réglé...

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Olivier A. :
Bonjour. Voilà quelque chose que je vais de nouveau devoir connaître. En général, je préfère pratiquer le "franco de port".

Lo :
oui, dans le milieu pro, c'est pas toujours évident. Sans en faire étalage, car, comme tu le dis, on ne se résume pas qu'à ça, je l'annonce quand les questions deviennent plus personnelles.
J'ai eu le cas lors d'un entretien de recrutement où la consultante m'avait demandé si "mon ami(e)" était près à me suivre, et que je lui ai dit qu'"il" était d'accord. Elle laisse couler, puis peu de temps après elle revient dessus "tout à l'heure, vous avez bien dit "il". "Oui, M'dame". Sa réaction m'a surprise : "Bravo, peu de gens ont le courage de le dire". Et moi de répondre "je préfère que ce soit dit maintenant et que les dirigeants de la société le sachent et agissent en connaissance de cause, plutôt que de m'apercevoir que je travaille dans un environnement homophobe ou tout au moins ou ça dérange aux entournures. Bon faut dire que je postulais dans un groupe de transport et logistique, univers très... masculin, car bien sûr, tout le monde le sait, y'a pas de gays dans ces métiers là! langue

alain :
superbe comme toujours clin d`oeil

fiuuu :
arf si tout pouvais se passer aussi bien :) amour

wildkoky :
"And I said to myself what a wonderful world."

orpheus :
Olivier > Il n'en reste pas moins que chacun fait comme il le sent pour se sentir au mieux dans son milieu pro. Je compends aussi qu'on puisse garder le silence ou se faire passer pour autre.
Lo > C'est exactement le discours que j'avais tenu dans la précédente boite ou j'exerçais. Qu'ils le sachent tout de suite, plutôt que d'avoir à supporter une homophobie latente. S'ils ne sont pas capable d'employer un homo, je ne serai pas capable de bosser pour eux.
Fiuuu > Oui, ce n'est pas toujours aussi #FF017D !

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