La Belle au Bois Dormant

Il y en a une qui mine de rien a beaucoup de chance. Cette saleté d'Aurore, la Belle au Bois Dormant. Après avoir dormi un siècle, elle a du trouver que le monde avait bien changé. Si moi aussi je dormais cent ans, peut-être qu'en me réveillant, ce qui m'agace aujourd'hui aurait disparu de la surface de la terre. Allez, je m'allonge dans mon lit, je ferme les yeux et pense une dernière fois à ce que je ne veux plus voir à mon réveil...

Par exemple: l'hypocrisie générale dans les discours de protection de l'environnement.
On a fini par se rendre compte qu'en cinquante ans, on avait autant détruit la planète qu'en deux millénaires. Alors certains ont réfléchi à l'attitude à adopter. Et en 1997 de nombreux pays ont signé les fameux accords de Kyoto. Les gouvernements signataires s'engagent à prendre des mesures afin de réduire leur part de pollution. Une période de sept ans est donnée aux pays afin de se mettre au diapason. Le texte est entré en vigueur la semaine dernière, et qu'est-ce qui a changé depuis 97? Pas grand chose. Si ce n'est l'augmentation du parc automobile, l'essor des produits en lingettes qui polluent davantage, l'échec du tri sélectif (il n'y a qu'à voir les poubelles de mon immeuble!). Et les médias se contente de se braquer sur les Etats-Unis, premier pollueur au monde, qui a refusé de signer ce traité. Je ne sais pas ce qu'il y a de pire, refuser de signer un traité ou le signer pour se donner une bonne conscience. D'après Kyoto, les pays qui ne respectent pas leurs engagements devront payer une amende. Encore une fois, belle hypocrisie. Ceux qui polluent le plus sont les pays les plus industrialisés, donc ceux qui ont les moyens de payer les pénalités...

Autre exemple: les discriminations et surtout l'attitude raciste des communautés opprimées.
La moindre des choses quand on demande d'être accepté est de ne pas rejeter les autres. Certains veulent que s'arrêtent les violences contre eux, mais sont les premiers à tendre le poing contre ceux qui sont différents. Et là, peu de communautés, quelles soient ethniques ou religieuses, échappent à ce travers. Une illustration? Prenons par exemple la communauté juive qui, à raison, demande à ce que soient condamnés les propos antisémites et qui dans son vocabulaire a un terme pour désigner ce qui n'est pas comme eux. A maintes reprises j'ai pu constater que le terme "goy" n'était pas employé comme un compliment.
Le mot "intégration" ne fait pas parti de mes favoris pour autant. Il signifie souvent la disparition de la différence dans un souci d'uniformisation dans la masse. Je lui préfère une attitude de respect et d'acceptation de la différence.

Pour ce qui est de la vie polico-économique et sociale, l'horizon n'est pas rose non plus. On nous explique qu'il faut absolument voter "Oui" à la Constitution Européenne pour le bien de l'Europe en se gardant bien de nous expliquer les détails bien libéraux que cela impliquera. On nous annonce les importants bénéfices de Total répartis principalement en dividendes pour les actionnaires qui remercient en décrétant des licenciements... Une longue liste noire pourrait être établie des décisions favorisant les biens privés à l'encontre de l'intérêt collectif.
Alors la France descend dans la rue et manifeste son mécontentement. Elle ferait mieux d'aller voter à chaque fois qu'on lui demande, la France! Raffarin avait dit "ce n'est pas la rue qui gouverne". Mais si: à chaque fois qu'on lui demande de s'exprimer dans un scrutin. J'ai toujours pensé qu'en s'abstenant de voter, on perdait son droit à se plaindre.
Encore faut-il voter intelligemment. On ne peut voter à droite et descendre dans la rue pour reprocher au gouvernement de faire une politique libérale! Encore une fois, il faut être cohérent.

On pourrait penser que la justice veille au grain... J'ai pu hélas constater récemment, et par deux fois que les escrocs s'en sortent avec les honneurs. Je ne parle pas seulement d'affaires impliquant les politiques tels que Juppé ou autres Tibéri, je pense également à de petites affaires, où j'ai vu les mauvais s'en sortir et même être dédommagés. A quel saint se vouer? Ecouter son avocat? Deux fois, j'ai surtout compris que les conseils de l'avocat visaient surtout à engager des procédures lui permettant de gonfler ses honoraires. Enfin bon, il en existe sûrement qui sont de bons conseils...

Ce qui m'effraye le plus, c'est surtout la manipulation médiatique. Le matraquage d'infos "commerciales" qui hélas occultent d'autres sujets parfois tout aussi grave ou qui se contente de présenter un angle d'un dossier en taisant les conséquences.
L'exemple le plus récent est l'attitude des médias concernant le traitement des otages. Après le battage qui a conduit aux libérations de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, la pauvre Florence Aubenas et son guide arrivent après. La lassitude s'est installée sur le sujet. Il faut parler d'autres choses. Un tsunami est passé. Les médias ne matraque plus, il se contente de relayer par des reportages d'une minute les autres initiatives de soutien. En attendant, voilà trois ans qu'Ingrid Bétancourt est retenue en otage en Colombie. On parle beaucoup moins d'elle. Le lieu est moins "commercial" que l'Irak. Et puis cela fait trois ans déjà, ce n'est plus un scoop! Immonde!
Autre exemple de la légèreté du traitement de l'info? La semaine dernière, les médias parlaient de la découverte outre-Atlantique d'une nouvelle souche HIV fulgurante dans son évolution et résistante aux thérapies actuelles. Le reportage que j'en ai vu était à juste titre alarmiste. J'aurai apprécié cependant qu'au cours du même reportage, le journaliste précise que le problème des "anciennes" souches connues n'est pas réglé pour autant. Et que si en France, on arrive grâce à de traitements lourds à dompter plus ou moins les effets du virus, ces anciennes souches continuent leurs ravages en Afrique où les médicaments ne sont pas distribués.
Ou encore, cette fois ou la Chazal recevait dans son journal ce créateur d'entreprise en Pologne. Un reportage le félicitait de son action qui lui permettait de fabriquer des lampes en Pologne qu'il revendait en France pour trois euros six cents. La délocalisation, ça s'appelle. "En Pologne, les entreprises ne sont pas bridées par des charges comme en France". Bien sûr. Et il n'y a pas de protection sociale non plus! Il fabriquerait ces lampes en France, les salaires générés permettraient peut-être aux consommateurs de les payer six euros douze cents... J'aurai aimé que la présentatrice du journal (et non la journaliste donc) mette l'accent sur les dangers de la généralisation de ces comportements.

Ah ce n'est pas très optimiste tout ça...
Ah Aurore, quelle chance tu as de dormir un siècle...
En même temps, au rythme où vont les choses et la dégradation de la Terre, si nous ne changeons pas d'attitude, dormir un siècle, c'est la certitude de se réveiller dans le chaos.
Mais où sont Flora, Paquerette et Pimprennelle ?
Allez, au boulot les fées!

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Mikael :
c'est toi le raciste
J'ai ete choque par ton post que je trouve tres antisemite. Comment peux tu dire que tous les juifs sont des racistes ?

Orpheus :
Oula! Comme tu t'emportes!
D'abord, ce n'est pas le post entier que tu juges ici, mais une illustration.
Ensuite, je ne dis pas que tous les juifs sont racistes, je dis juste qu'il existe un vocable destiné à désigner celui qui n'est pas juif (goy), et que cette expression est souvent utilisée avec des connotations négatives, voire péjoratives.
Je trouve que c'est en décalage avec la tolérance réclamée et les demandes de sanctions envers d'autres propos insultants. On ne peut condamner les propos d'autrui et commettre les mêmes fautes.
Tu peux à la rigueur me reprocher de ne pas avoir illustré avec des exemples pour toutes les communautés (religieuses et autres), mais ce n'était pas le propos de ce post.

Mikael :
C'est encore plus dangereux de ne pas se rendre compte comme toi quand tu dis n'importe quoi.

Fil des commentaires de ce billet