Yann Orpheus Blog

Alors, oui, le noir et blanc, ça fait tout de suite très classe. Surtout, quand avec le numérique, on peut s'amuser à jouer sur les contrastes, les luminosités, les courbes de niveaux, et j'en passe...
Une photo en noir et blanc paraîtra tout de suite plus académique, plus galerie, plus soigné. En un mot, pour le commun des mortels : plus belle.

Aujourd'hui, le noir et blanc m'ennuie.
Parce que je connais la difficulté de la couleur.
Dans un cadrage qui semble élégant (là encore, l'appréciation varie selon qu'on est puriste ou qu'on laisse parler sa propre sensibilité), il y aura toujours sur certains objets secondaires, à l'arrière-plan ou plus en avant, des teintes de couleurs qui viendront parasiter l'ensemble.

Prenons l'exemple de ce plagiste espagnol.
Comme on peut l'imaginer, c'est avant tout son dos et sa chute de reins qui ont attiré mon regard. Clic-clac.
Et plus tard, en regardant le résultat sur mon écran. Je vois quoi ? Sa serviette orange pétard qui accapare l'attention de la rétine. Alors bien sûr, on pourra tricher en modifiant à souhait la couleur de la vilaine perturbatrice. D'orange à écru par exemple.

Mais amusons-nous à passer le tout en noir et blanc. Un petit coup de contraste et de lumière sur certaines zones et hop, le tour est joué. On retrouve le dos du garçon dans la ligne de(s) mire(ttes). On a tout de suite un résultat plus artistique. Et là encore, je suis parti d'un cliché un peu bas-de-gamme, en qualité comme en thématique.
Pareil pour le sable présent dans la vague. Comme par magie, il se perd dans les gris...
Le noir et blanc a le privilège de mettre davantage l'accent sur les formes de la composition, parce que l'œil n'est pas dévoré par une profusion de couleurs.

Aujourd'hui, je n'arrive plus à voir une photo contemporaine en noir et blanc sans me dire "je suis curieux de savoir ce qu'elle aurait donné en couleurs". Systématiquement, et à tort peut-être, je me dis que le photographe a choisi la facilité du noir et blanc (même s'il peut être ardu de trouver les bonnes nuances de gris sur chaque zone).

Voilà pourquoi, ici et là-bas, j'ai fait le choix d'éviter, autant que possible, le noir et blanc. Non pas que je me trouve brillant photographe. Je préfère juste mes imperfections au nivellement.
Finalement, je l'aime bien cette serviette orange.

Après, bien sûr, chacun fait comme il aime.
Tout ceci n'est qu'affaire de goûts... et de couleurs...

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(Disclaimer : Je ne prétends par détenir le monopole du bon goût et de la vérité absolue. Ceci n'est qu'une opinion personnelle, et ne fait donc office d'aucun décret. Nan, j'le dis, parce qu'en ce bas monde, il faut toujours tout préciser.)

Je dois tout de même avouer ne pas avoir été très honnête dans l'illustration de ce billet. Je confesse le gommage d'un "détail" dans le but de satisfaire la sensibilité de 99 % de mon lectorat...
Honte à moi !

Moralité : En couleurs ou en noir et blanc, ne croyez jamais ce que vous voyez !