Les préjugés ont la vie dure

Brrrr… ça caille ce matin!
Heureusement, en m’approchant du kiosque à journaux près du métro, j’aperçois la couv’ du dernier Têtu placardé dessus. Voilà de quoi me réchauffer!
Petite surprise, ce n’est pas le vendeur habituel mais une femme musulmane portant un voile noir sur les cheveux. Je vais pas me dégonfler pour autant, quitte à prendre une fatwa en travers des gencives. Allez hop, «bonjour bonjour» et je pose le magazine sur le comptoir. J’ouvre ma besace, sors un billet de 5 en scrutant au passage les yeux de la vendeuse en quête d’un signe de désapprobation. Ça me fera toujours quelque chose à raconter sur mon blog. Voilà quinze jours que je fais l’impasse sur les témoins de Jévéor qui squattent l’entrée du métro, elle, je vais pas la rater…

Et là, son visage s’illumine d’un sourire amical. Elle me glisse avec un accent chantant (peut-être du Sud-Ouest) qu’elle vient de le recevoir et qu’elle l’avait déjà feuilleté. «Il est très bien ce numéro, vous verrez, monsieur». J’aurai aimé lui répondre quelque chose de sympathique, juste pour lui signifier que j’appréciai son amabilité. Mais ayant été quelque peu désarçonné, je me suis contenté d’un «Ah oui! Et bien merci et bonne journée à vous».
Je reprends ma route. Devant la bouche, les moutons exhibent leur «Réveillez-vous!». Et moi, tout sourire de l’épisode précédent, je leur présente le playboy de couverture en retour. Je leur aurai bien demandé si eux aussi avaient un avis sur ce dernier numéro. On ne sait jamais, il y a des jours comme ça…

Une minute après, sur le quai, je me suis senti tout merdique. Moi qui suis toujours prêt à brandir des piques pour lutter contre les discriminations et les idées reçues, je venais de condamner cette personne en fonction des signes communautaires qu’elle affiche. Argghhhh! Je préjuge, je vannestre, je boutinise, je benoiseize… Honte à moi.
Note pour moi-même : Arrêter de supposer un comportement en fonction d’appartenances religieuses et attendre les actes pour juger. Si l’habit ne fait pas le moine, il ne fait pas le diable non plus…

Puisque j’avais pensé égratigner ma kiosquière musulmane ici même, je rédige tout de même ce billet en guise de mea culpa.
Et demain matin, j’y retourne, je lui prends Studio et lui glisse un mot gentil comme quoi elle avait raison, même si d’ici là, je ne l’ai pas lu.

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

niklas :
les préjugés...
Moi aussi j'ai été présomptueux sur trois petites vieilles cet après-midi au ciné, mauvaise langue que je suis... ange

Lecapitan :
Parfois un sourire vaut mieux que des mots.

Panama :
Pourtant nous aussi, nous sommes victimes de préjugés triste
Bon précepte toutefois : il y a toujours des exeptions qui confirment la règle.

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