Pantone : Epilogue

Pantone

Ce qu'il y a de bien avec les couleurs c'est qu'il y en a une kyrielle et qu'on peut jouer avec à l'infini. Alors pourquoi se limiter aux six teintes évoquées dans cette série de billet ? Souvent quand on m'en a parlé, on m'a demandé : "et le rose, l'orange, le marron... ?"
Déjà, ce n'est qu'avec la création des langues romanes, que les vocables rose, orange sont apparus. Le rose était auparavant défini de rouge clair ou rouge blanc, et pour le violet foncé, le latin médiéval disait "subniger", un demi-noir. Seules les six couleurs évoquées avaient leur mot propre. Les autres n'étaient que des déclinaisons. Cependant, comme les symboliques attachées à ces variantes n'étaient pas forcement les mêmes que celles de la couleur originale, on peut penser qu'il y avait un réel besoin de créer un nouveau mot.
Alors, je ne vais pas me lancer dans une saison 2. Juste je vais profiter de cette conclusion pour effleurer celles laissées pour compte.
 

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Le Rose
Il est proche du rouge, mais il lui manque le côté guerrier masculin.
Sa première appellation a été "incarnat", pour la couleur de la chair. Ce n'est qu'avec le Romantisme que le rose s'est drapé des valeurs de tendresse et de féminité. Il lui a alors été attribué le même nom que la fleur des amoureux. Il symbolise la douceur et le bonheur ("voir la vie en rose"), mais à l'excès il peut sombrer aussi dans la mièvrerie ("à l'eau de rose")
De la même façon que le bleu ciel est utilisé pour tricoter la layette des garçons (parce qu'il est un bleu en devenir), le rose a été attribué aux fillettes. Il reste attaché au monde de l'enfance (la collection qui lui est destiné s'appelle "Bibliothèque rose" chez Hachette, ou le monde de Barbie où il trône en couleur quasi-exclusive).
Pour marquer les homosexuels, les nazis utilisait le triangle rose. Il leur fallait une couleur féminine et faible. Et le rose s'y prête bien. Il a été bien plus tard repris par ActUp comme logo. Les attributs féminins du rose sont tels que pendant longtemps, beaucoup d'hommes ont refusé de le porter sur leurs chemises. Avec la génération métrosexuelle, ceci change petit à petit.
Le rose peut également avoir un petit côté polisson (on y retrouve la notion de chair) quand il s'incruste dans le registre des plaisirs défendus. Il désigne les services télématiques coquins (minitel rose, téléphone rose) ou dans un autre genre plus condamnable, les ballets-roses.

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Le Violet
Demi-noir comme évoqué en introduction, le violet a d'abord été utilisé pour l'après-deuil. En cela il s'est rapproché du monde de la vieillesse des femmes. C'est la couleur des grands-mères, que ce soit en reflets sur leurs cheveux argentés ou dans les senteurs de violette ou de mauve.
Il est également la couleur des évêques et de la pénitence.
Heureusement pour lui, il tire son épingle du jeu en étant également la couleur de la fête nocturne. Pensez à la palette utilisée lors des années disco, aux spots des clubs et à leurs lumières noires (qui tirent plus sur le violet que sur le noir).
Les sondages d'opinion disent qu'il figure parmi les couleurs les moins aimées (juste avant le marron) dans le cœur des occidentaux.
Moi, je l'aime bien. Il me permet d'inclure des nuances douces et féminines dans des créas sans qu'on me dise "ça fait trop pédé".


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Le Orange
Le cauchemar du graphiste tellement le résultat à l'impression peut surprendre. La teinte choisi a souvent tendance à tirer sur le marronnasse et à perdre de son éclat. A part le Pantone Orange 021, attendez-vous à des désillusions.
Pourtant, c'est une bien belle couleur avec des valeurs solaires et de jeunesse. Il reprend tout le côté positif du jaune et cette goutte de rouge qui lui est ajouté nous épargne les symboles négatifs.
Couleur sacrée de l'hindouisme, il symbolise la purification par le feu.
C'est également la couleur de l'énergie et de la révolution politique (en Géorgie, Ukraine, Israël et... heu... pour B4yrou).
Couleur peu usitée, elle permet d'attirer l'attention et le risque de danger (feux clignotants sur les routes).

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Le Marron
Voici donc le dernier de la classe dans l'école des couleurs. Pas vraiment apprécié dès le plus jeune âge ("le marron, c'est caca"). Couleur de la terre, il représente tout ce qui est sale et souillé. Et par extension, tout ce qui est pauvre (c'est peut-être cette dernière notion qui a été reprise sur les bures des franciscains) et vulgaire.
Couleur des uniformes de la SA, il s'est alors chargé de brutalité et de violence. On le retrouve également sur les tenues de camouflage des vêtements militaires.
Mais comme le chocolat (et le Nutella!) est marron, je l'aime bien !

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Le(s) Gris
Il évoque la tristesse ("voir tout en gris"), la mélancolie et l'ennui. Et aussi la vieillesse (les cheveux gris, la poussière qui se dépose partout) et la sagesse qui peut l'accompagner. On le retrouve d'ailleurs dans des expressions comme "la matière grise" pour désigner l'intelligence.
Ces notions sont à prendre uniquement dans un univers coloré, car c'est dans le monde du "noir et blanc" que le gris prend sa revanche. Là, il domine en maître. Finalement, on y trouve que peu de vrais noirs et blancs. Tout n'y est en fait que nuances de gris. Et finalement, c'est ce qui fait sa force. A lui toute la place !
Il a ce pouvoir (sur une photo en noir et blanc par exemple) d'estomper toutes les influences symboliques que peuvent avoir les couleurs sur notre inconscient, afin de nous laisser admirer pleinement la représentation telle qu'elle est. Voir les formes, les dispositions, les éclairages sans être finalement "pollué" par toutes ses couleurs !

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Et bien voilà... le voyage dans les pots de peinture est terminé.
Tout au long du parcours, je me suis amusé à donner les grandes lignes, les symboliques et les idées reçues sur les couleurs.
Mais pourtant, je n'en démords pas. Et c'est bien pour cela que chaque billet se terminait par "ou osez et faites comme il vous plaît". Les couleurs ont beau avoir leurs significations, elles ne sont finalement que ce que nous en faisons.
Je pense ici à Elise, une ancienne collègue, qui s'évertuait à mettre un rouge assez sombre dans toutes ses réalisations. Ce rouge moyenâgeux aurait pu laisser des connotations d'autorité, de rigueur, de volonté d'affirmer son savoir. Mais Elise avait une personnalité enjouée et mutine. Et finalement, ce rouge austère a absorbé un peu de son tempérament pour s'adoucir. Nous n'y voyions plus le rouge de la rigueur, mais le rouge de l'espièglerie d'Elise...
Alors oubliez tout ce qui a été dit. Peu importe l'héritage culturel de telle ou telle couleur. Faites ce que vous voulez d'elles avec pour seule idée en tête "du moment que j'aime et que ça me ressemble"...


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Dernier billet de la série Pantone

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

 Matoo :
Une belle série de terminée alors ! Merci !! zen

Olivier Autissier :
Et rien pour ton daltonique préféré dans cette conclusion ?

orpheus :
Matoo > darien, sweetie pie !
Olivier > Sisi... il y a le mot "nutella" !

niklas :
yeahhhhh
C'était vraiment une bien chouette série que j'ai dégusté avec plaisir, tant par les explications que les exemples choisis !!! vraiment vraiment c'était bon et on en reprendrait bien un peu...

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