Pantone : Le Vert

Vert

Dernière couleur de la trilogie RVB, le vert est celui qui nous manquait.
Allez, je vous le dis d'emblée. Moi, c'est une couleur qui m'a longtemps traumatisé. A l'âge des culottes courtes, je m'entendais dire dans les cours de récré "il a des yeux verts, il a des yeux de vipères". Alors que les yeux bleus étaient les yeux d'amoureux... Bref, le vert et moi, on a mal commencé.

Le vert n'a d'ailleurs pas été la couleur "positive" qu'elle peut parfois être aujourd'hui. Même si en teinture, il a toujours été facile de produire des coloris vert grâce à de nombreux végétaux, le stabiliser a toujours demandé un savoir faire particulier. Au Moyen-âge, les colorants verts accrochant mal aux fibres, ils avaient tendance à donner un aspect délavé rapidement. Les peintres avaient également le même problème. Les teintes de vert composées avec des poireaux ou des épinards s'estompaient rapidement à la lumière. Et pareil sur les anciennes photographies des années 60, le vert est encore le premier à se faire la malle. Pas étonnant donc, qu'il soit donc devenu la couleur de l'instabilité.

Et puis les concepts évoluent et s'élargissent. Qui dit instabilité, dit mouvement. Le Vert devient la couleur de ce qui est changeant, et par extension du hasard, et donc du jeu et de la chance et finalement de l'espoir.
Ce n'est donc pas une surprise si dès le XVIème, les tapis des casinos sont de cette couleur. Puis avec l'or qui devient trop clinquant et ostentatoire pour les protestants, le vert s'approprie non plus seulement les tapis de jeu, mais également l'argent qui est posé dessus. Le vert représente alors la finance en général. L'exemple le plus significatif étant le fameux "billet vert" américain.

A partir du XVIIIème, les teinturiers ont commencé à mélanger le bleu et le jaune pour obtenir du vert. Autrefois instable, elle est devenue une couleur "bâtarde", celle issue d'un mélange. Les peintres le chasse même de leur palette en ne décidant de n'utiliser que les trois couleurs primaires (jaune, bleu, rouge) avec à la rigueur du blanc ou du noir.
Pourtant, dans le Coran, le vert est la couleur du turban et de l'étendard du prophète. Ce qui a encore tendance à stigmatiser le vert dans les pays chrétiens d'ailleurs. Il est alors la couleur de la fourberie dans l'inconscient collectif européen xénophobe. Est-ce parce qu'il désignait l'étranger qu'on a choisi le vert pour qualifier l'extra-terrestre de petit homme vert ?
On le retrouve alors associé à tout ce qui est nocif. Il est la couleur du poison dans beaucoup de représentation. Et puis le vert est le teint d'une personne malade.
Heureusement, il est réhabilité en incarnant plus tard les pharmacies et les soins. On se met d'ailleurs au vert après des excès.
Je n'ai donc pas été bien original quand j'ai choisi un fond vert pour habiller l'extérieur des pages du site internet d'une clinique parisienne.

L'idée de vert pour la nature est un concept plus tardif bizarrement. Jusqu'au XIXème, c'est surtout le concept feu, air, eau, terre qui primaient. Et puis progressivement, il occupe la niche du naturel et de la fraîcheur jusqu'à devenir la couleur emblématique de l'écologie. Les espaces verts fleurissent. Plus tard arrivent les classes vertes pour que les gamins s'évadent à la campagne. Quoi de plus naturel d'ailleurs qu'il ait été attribué au parti politique des écologistes...

En électronique, les premières leds étaient vertes. Les premiers caractères sur les écrans égalements. Le vert s'est alors approprié les notions de technologie et de futur. Cette idée est encore ancrée dans les esprits, puisqu'il n'y a pas si longtemps encore, c'est le vert qui était la couleur emblématique des films Matrix...

Le vert a donc pris une belle revanche. Et maintenant que c'est une couleur "positive" et appréciée, on conserve le lien qu'il avait avec l'argent pour en faire le symbole de la gratuité (les numéros vert) ou du prix réduit (prix vert).
Et on l'oppose au rouge pour signifier l'autorisation ou l'accord (le feu vert).
Je m'aperçois que je n'ai pratiquement pas d'exemple professionnel d'utilisation du vert pour illustrer ce billet. N'appréciant pas le vert plus que cela, ce n'est pas une couleur qui me vient naturellement sous la palette. Les rares fois, où je l'ai utilisé, il s'agissait de la demande du client.
Je dois être un peu comme les artistes de théâtre qui trouvent que c'est une couleur qui porte malheur. Inconsciemment, peut-être je préfère ne pas courir le risque.
Hélas, à chaque fois que j'essaye de faire un effort et que j'utilise une dominante de vert, je suis déçu du résultat et recommence sur une autre base... Il y a des couleurs comme ça qu'on ne maîtrise pas. J'ai donc encore à apprendre.

Quelques repères pour DomChou, mon daltonique préféré :
Vert, c'est donc la couleur des tapis de casinos, du dollar américain, de l'extra-terrestre, des poisons et de la pharmacie, de l'herbe et des feuilles sur les arbres, du feu vert.
Mais aussi de la menthe à l'eau, de la grenouille de la météo, des haricots, de l'émeraude ou de la pastille Valda, et du treillis du militaire.
Et si tu préfères les chiffres, utilise un des codes suivants dans ton logiciel :
Hexa : #008F21 ou #00FF00 / RVB : 0, 255, 0 / CMJN : 100, 0, 100, 0
Notons d'ailleurs que le vert RVB n'est pas le même que le vert CMNJ.

Très ambivalent le vert, hein !
En résumé, choisissez des teintes de vert pour exprimer :
L'instabilité, l'espoir, le jeu, la chance, l'argent, l'étranger, la santé ou la nature, la technologie et le futur.
Ou osez et faites comme il vous plaît...

 

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Billet #3 de la série Pantone

 

NotaBene :
Ce billet a été initialement publié sur la première version du blog.

Ce billet a reçu les commentaires suivants :

Olivier Autissier :
Vert comme la pomme ?

Pascal ;
Pour la techno et le futurisme, je crois que le bleu essaie de détrôner le vert depuis quelques années : bluetooth, WII, éclairage des nouveaux trains de banlieue...

dom :
Merci bien mais nan...
Je veux pô du vert, je reste sur le bleu, na !
pompom

orpheus :
Olivier > Ouais, de toutes les pommes c'est encore la verte Granny que je préfère.
Pascal > C'est vrai que le bleu gagne du terrain sur ce plan. En exemple aussi toute les lumières bleues sur le clavier de mon portable HP.
Comme quoi le langage des couleurs est une langue vivante en constante évolution.
Dom > Tu le vois le vert toi ? (ze sais plus!)

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