Deux mois sont déjà passés depuis que je suis revenu de ce voyage en Inde. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour trier, classer les 1184 photos prises sur ces 15 jours, puis de sélectionner mes préférées, de les organiser en un album, d'écrire quelques textes pour les accompagner et de mettre tout cela en page...
Ce carnet de voyage, intitulé « Heures Hindoues » et composé de 80 pages au format panorama (27 x 20,5 cm), est arrivé tout chaud de chez l'imprimeur ce matin.
Je confesse un petit pincement nostalgique en le feuilletant...
Vous ai-je déjà confié à quel point je vénère la cuisine créole ? Les saveurs antillaises sont certainement une des nombreuses raisons de mon assuétude caraïbéenne. 🌴☀️
Claro je peux me régaler de tagliatelles alla carbonara ou de cannoli siciliani, on ne renie pas ses origines. Mais ce n’est pas pour autant qu’en fermant les yeux je me retrouverai devant la fontaine de Trevi ou sur la Conca d’Oro… Vale je peux saliver devant les tapas espagnoles et en particulier devant une assiette de patatas bravas, mais je ne vais pas m’imaginer sur la Costa Brava pour autant… De la même façon, un mulligatawny ou un chicken vindaloo ne me transporteront pas à Mumbai et un thaï green curry, aussi délicieux soit-il, ne me fera pas revivre mes voyages entre Bangkok, Chiang Maï et Phuket. J’insite pas avec le chili con carne et autres tajines, vous avez compris le principe...
Du coin de l'oeil, je le regarde se préparer dans sa combinaison de plongée. Waou, comment ça lui va trop bien à mon homme. Allo Hollywood, si vous avez besoin d'un superhéros pour une prochaine adaptation, j'vous le prête. On me parle mais je suis trop absorbé pour écouter. Je souris, bêtement. Une mimique qui semble dire, "tu ne perds rien pour attendre. On rentre et c'est la fête au slip". La matinée passe. L'après-midi aussi. Et le désir monte. Une idée fixe qui vous accapare l'esprit...
Sauf que de retour au bungalow, il faut attendre encore. Mon homme s'est mis en tête de préparer le repas du soir. Un colombo. Et comme ce plat doit mijoter longtemps... Il a trouvé tous les ingrédients et aromates, dont ces fameux piments qu'il m'a fait gouter cru dans le magasin. "C'est le doux celui-là, non ? Mouais, il est fade. On va prendre le fort". Ils ont l'air inoffensif comme ça. Mais pourtant. Et le vert plus que le rouge, bizarrement d'ailleurs. La nature est en infraction avec les codes couleurs usuels !
Pendant ce temps, je barbotte dans la piscine, histoire de l'aguicher un peu qu'il se presse.
Enfin, il m'appelle pour que je goute à la sauce. Hmmm, c'est bon et cette sensation de brulure de la langue, j'adore... Les deux piments verts hachés par les mains viriles et expertes de mon homme me poussent aux limites de ce que peuvent endurer mes papilles gustatives. Je vais me régaler.
Jugeant avoir patienté plus que de raison, je l'attrape par la ceinture de son bermuda et l'entraine dans la fraicheur de la chambre climatisée. "Hé minute, je baisse le feu et je me lave les main !". Viiiiiiiiiiiiiiite !
Imprégné par le sacrifice de Pénélope, j'ai poussé Jièm à effectuer sa première visite dans les profondeurs aquatiques. Il a peut-être l'air d'un dur lorsqu'il s'agit de trancher une langouste, mais pour ce qui est de se confronter à la nouveauté, là s'est une autre histoire.
Dans l'avion déjà, j'avais commencé à le travailler :
"- On va faire de la plongée, tu sais.
- Mouais, on verra".
Ce qui en langage Jièm signifie "Cours toujours, t'es pas prêt de me coller une bouteille sur le dos".
Et puis par chance, nos voisines de Saint-Anne avaient justement dans leurs relations un ami propriétaire d'un Club de plongée. Rendez-vous a été pris pour le surlendemain.
"- Oué, ben moi, je barboterai avec un masque et un tuba en t'attendant
- Tu sais, on va certainement prendre un bateau pour aller je-ne-sais-où. Tu risques de poireauter longtemps.
- Mouais, on verra".
La voiture s'arrête au feu. Sur le trottoir, une vendeuse du port de pêche s'est installée et clame "Langouste, langouste" à qui veut l'entendre. Comment ne pas l'entendre d'ailleurs. Sa voix stridente résonne encore à mes oreilles. D'un seul regard, je comprends que Jièm est tenté. "Chiche ?". Il gare la voiture (ne me dites pas que vous êtes surpris d'apprendre que je ne suis que passager).
Nous avons donc passé quelques jours à Sitges, station balnéaire de Catalogne, réputée pour son climat agréable, ses nuits de fêtes et ses légions de beaux garçons.
Un journal régional parlait justement de cette "colonisation" par la communauté péday et du business florissant que cela apportait à la région. L'Espagne a beau être en avance par rapport à la France sur bien des progrès sociaux nous concernant, ils en sont toujours au cliché : gay = fort pouvoir d'achat. Enfin bref...
J'ai déjà consigné sur ces pages ma faiblesse pour le Chrysler Building.
Je ne vais donc pas refaire un historique du bâtiment et de mes nombreux essais afin de passer la sécurité et grimper à son sommet.
Néanmoins, quand sera venu le moment de qualifier cette escapade New Yorkaise, je dirai probablement que c'était "Le Voyage de la Chrysler".
"Hein?! Tu repars à New York ? Mais ça fait combien de fois déjà?"
"T'en a pas marre de cette ville, tu l'as connais pas encore?"
"Tu sais, il y a d'autres villes?"
Répondons donc à ses trois questions entendues plusieurs fois chacune avant de partir.
J'avais connu l'Anse Tarare lors de mon premier séjour au siècle dernier (c'est fou ce que ça paraît loin dit comme ça), un petit coin de paradis reculé sur la route de la Pointe des Châteaux, loin des touristes de Sainte-Anne et Saint-François.
Tarare a une particularité: sa plage est la seule de Guadeloupe où le naturisme est toléré.
J'aime bien le naturisme. Pas besoin de réfléchir à quel maillot de bain porter. Slip ou boxer, aucun d'eux ne laissera sa marque sur ma peau.
J'aime un peu moins les naturistes qui viennent vous parler attributs aux vents. Mais j'arrive assez bien à faire abstraction de ces petits désagréments. Etre nu me donne l'impression d'être seul, comme à la maison.
Outre les joyeux naturistes, Tarare est aussi un lieu fréquenté par les pédays qui viennent ajouter un peu de piment dans ce cadre idyllique de décontraction absolue.
Il ne faut pas croire que je me suis contenté de faire la dorade sur les plages de Grande Terre. Ces vacances en Guadeloupe ont également été l'occasion de tester mon aptitude à la survie en milieu hostile.
Sur Basse-Terre, deux survivants ont échoué...
Journée de préparation:
- Les Chutes du Carbet
Tranquille. Ça monte gentiment. Une promenade pépère jusqu'aux célèbres chutes. Arrivés aux pieds de celle-ci, petit barbotage.
(Epreuve de confort ratée pour avoir traîné autour du Grand Etang: Nous sommes dimanche début en d'après-midi et tous les restos de Basse Terre sont fermés. Nous nous dirigeons vers la seconde étape avec juste un sandwich dans l'estomac)
- La Soufrière
Ça commence tout doucement. Et puis passé le premier plateau, les choses commencent à se gâter sur l'autre versant du volcan. Une averse vient détremper le sol et lustrer les rochers. Faut faire gaffe où on pose les pieds. Le dernier tronçon est plutôt raide et une délicieuse odeur de souffre vient chatouiller les narines. Mais une fois au sommet, la vue sur les cratères fumants vaut vraiment l'effort. La descente est tout aussi périlleuse (léger grain et roches glissantes) avec un brouillard intense pour corser le tout.
(Epreuve de confort réussie : les survivants peuvent profiter d'une baignade dans une source d'eau chaude)